lundi 6 mai 2019

Aux sources des troubles mentaux


La psychiatrie a cessé de progresser. On ne trouve plus de nouveaux médicaments, l’efficacité de beaucoup d’entre eux est contestée, et, quand elle est avérée, on n’en comprend pas les raisons. Les troubles mentaux n’ont pas de biomarqueurs : le psychiatre ne peut pas commander des tests en laboratoire pour vérifier ou exclure une hypothèse. Les ­espoirs mis dans la neurologie et la génétique ont été contrariés : même les maladies d’origine largement génétique, comme l’autisme ou la schizophrénie, renvoient à tant de gènes que le terrain se brouille.
Or les maladies mentales sont en augmentation régulière dans le monde. Pour surprenant que cela paraisse, les autorités de santé, OMS en tête, considèrent désor­mais qu’elles sont la première cause d’incapacité. Une estimation à prendre avec précaution, car la discipline – autre signe de faiblesse – n’est souvent pas en mesure de faire la différence entre un état réellement patho­logique et des troubles ordinaires de l’humeur.

D’où l’intérêt accordé à une nouvelle voie de recherche : la psychiatrie évolutionniste. L’un de ses hérauts est Randolph Nesse, qui dirige le Centre de l’évolution et de la médecine à l’université de l’Arizona. L’idée de base : si l’on veut progresser dans la compréhension des symptômes, nous avons intérêt à explorer leur signification à la lumière de la théorie de l’évolution. Or celle-ci suggère que les principaux troubles mentaux, y compris la dépression et l’anxiété, pourraient être des dégâts collatéraux de la sélection naturelle.

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