- 9 AVR. 2019
- PAR LES INVITÉS DE MEDIAPART
- ÉDITION : CONTES DE LA FOLIE ORDINAIRE
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Face aux «revendications souvent sincères de nombreuses familles et personnes autistes dénonçant des pratiques maltraitantes qu’elles ont rencontrées en psychiatrie», des professionnels, usagers et parents, regroupés au sein du collectif Le Printemps de la psychiatrie, avancent dix propositions.
- Depuis quelque temps dans le champ de l’autisme, une intense communication contre la psychiatrie et la pédo-psychiatrie est déployée par certains membres des gouvernements successifs, par des militants associatifs et largement relayée dans les médias. La psychiatrie serait coupable de tous les maux : incompétence, délais de prise en charge, culpabilisation des mères, non-respect des bonnes pratiques, retard de la France…De façon étonnante, sans que cela ne soit dit, on constate en parallèle une augmentation incessante des demandes faites aux psychiatres et autres « psys », de la part de personnes autistes et de familles qui pourtant ont bénéficié :
- De dépistages précoces dans des centres de référence ayant abouti à un diagnostic,
- De conseils et de formations au sein de Centres Ressources Autisme (CRA),
- D’évaluations fonctionnelles conformes aux recommandations de bonnes pratiques,
- De dépistages génétiques,
- De suivis somatiques réguliers, généralistes et spécialisés, de bonne qualité,
- De l’application des approches recommandées par la haute autorité de santé (HAS) : thérapies cognitives, méthodes comportementales, techniques de communication, psychomotricité, orthophonie, ergothérapie, programmes neuropsychologiques etc.
- D’accueil dans des institutions appliquant exclusivement les méthodes les plus recommandées : ABA, TEEACH, PECS,
- D’inclusions scolaires en classe ordinaire ou en classe adaptée,
- De tentatives de travail en milieu ordinaire ou adapté.
Ces demandes viennent s’ajouter aux demandes incroyablement nombreuses de personnes autistes sans solution et de leurs familles, qui n’ont pas forcément bénéficié de tout cela.Que dire des demandes, souvent urgentes, de ces personnes qui surviennent alors qu’elles ne peuvent plus être accueillies à l’école, qu’elles ne peuvent plus continuer leur travail, qu’elles ne sont pas soulagées par une prise en chargesomatique adéquate, qu’elles n’adhèrent plus aux approches recommandées ?Que dire des demandes d’aide pour faire face à des situations difficiles : violence, automutilations graves, errance, tristesse intense, régression des acquis ?Que penser de certaines de ces personnes et de leurs familles qui demandent de l’écoute, un suivi psychothérapique, un accueil dans une institution qui les aiment telles qu’elles sont, ouverte sur le monde et articulée en permanence avec l’école et le travail, et soutenant leurs possibilités d’auto-détermination ? Car oui, ce genre d’institution existe, et plutôt que de s’en inspirer, cette intense politique de communication les désavoue avec une détermination tenace.Et pourtant, que dire quand le constat est fait par les premiers intéressés que ce type d’approche, ouverte, aide à avancer dans un certain nombre de cas notamment quand il s’agit de violences que s’inflige la personne, à elle-même et à ses proches, sans rendre systématique la sur-prescription de psychotropes ?Peut-on, par exemple, se dire que les personnes autistes sont comme tout le monde, qu’elles ne sont pas des robots, que leur idéal de vie n’est pas forcément celui qu’une sorte d’« aristocratie de l’autisme » a décidé à l’avance pour elles ? Qu’elles peuvent avoir besoin, comme tout le monde, qu’on prenne du temps avec elles et qu’on tienne compte leur personnalité propre ?
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