lundi 22 avril 2019

La contention n’est pas un soin : lettre ouverte à Agnès Buzyn et Franck Bellivier




Paris, le samedi 20 avril 2019 – Depuis plusieurs années, la psychiatrie française souffre d’un manque de moyens chroniques mais aussi d’une pression normative accrue,  qui tend à déshumaniser les soins. Consciente de cette situation de crise ou de malaise, selon le nom qu’on lui donne, le ministre de la Santé vient de nommer un délégué interministériel à la santé mentale et à la psychiatrie, le professeur Frank Bellivier, dont la lourde tâche est de faire face au « naufrage » de la psychiatrie. Cette nomination a suscité une certaine circonspection chez une partie des acteurs du secteur, en raison d’une part de l’imprécision qui entoure encore la mission du professeur Bellivier mais également de certains de ses propos. Interrogé sur la question de la contention, le praticien a ainsi considéré interrogé dans Le Parisien : « C’est du soin (…) mais il y a des dérives et j’y serai très attentif ». Cette appréciation est regrettée par de nombreux psychiatres, notamment par le Collectif 39 (fondé il y a plus de dix ans en réponse à certaines dérives « sécuritaires » en psychiatrie inspirées notamment par Nicolas Sarkozy) et le Fil Conducteur Psy. Dans cette lettre ouverte à Agnès Buzyn et à Franck Bellivier qu’ils publient sur leurs sites et que nous relayons dans les colonnes du JIM, les deux groupes rappellent non seulement que la contention ne saurait être considérée comme un soin mais également les difficultés majeures que rencontre aujourd’hui la psychiatrie et qui expliquent en partie le recours de plus en plus fréquent à la contrainte.
Par le Collectif 39 et Le Fil Conducteur Psy
Lors d’un colloque organisé au sénat, en septembre 2015, en présence de plusieurs parlementaires des deux assemblées nous avons initié une pétition http://www.hospitalite-collectif39.org/?NON-A-LA-CONTENTION
 
Nous affirmions entre autre dans ce texte que la contention n’est pas un soin comme le précisera ensuite l’Article 72 Isolement et Contention de la loi de santé de janvier 2016.
Le psychiatre décide de céder sur sa fonction soignante et de mettre un patient en contention quand l’équipe soignante est débordée par l’agitation de patients en crise, dans un contexte de tensions relationnelles, avec un sentiment d’insécurité face à des manifestations bruyantes et parfois inquiétantes.

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