samedi 9 mars 2019

Quand infirmiers et aides-soignants font aussi bien que les experts !

07.03.19

Le contact quotidien avec les patients permet aux infirmier(e)s et aides-soignant(e)s une appréciation subjective de leur état de santé. Sa validité vient d’être montrée chez des patients dont l’état de conscience est altéré, dans une démarche associant soignants et experts.
Quand infirmiers et aides-soignants font aussi bien que les experts !
L’outil d’évaluation demande à être soumis à d’autres travaux pour confirmer sa validité, mais les auteurs pensent que la démarche d’intelligence collective associant les « paramédicaux » peut être étendu à d’autres pathologies.
L’évaluation de l’état de conscience de patients atteints de lésions cérébrales graves est cruciale pour établir leur pronostic et, en conséquence, informer leurs proches. Dans un certain nombre de cas, elle hésite entre état végétatif et état de conscience minimal, ce dernier étant de meilleur pronostic.

Deux méthodes sont classiquement utilisées pour réaliser cette évaluation : l’expertise clinique, au moyen d’une échelle spécifique (Coma Recovery Scale – Revised - CRS-R), et les examens d’imagerie cérébrale spécialisés (électroencéphalogrammes, potentiels évoqués cognitifs, PET-scan et IRM fonctionnelle). La première nécessite d’être répétée et faite par des cliniciens très expérimentés, mais à la disponibilité limitée. Les seconds sont indispensables mais insuffisants. En conséquence, le taux d’erreurs lié à l’utilisation conjointe des deux méthodes peut être assez élevé.
Deux infirmières du Département de neurologie du groupe hospitalier Pitié-Salpêtrière (AP-HP) ont eu l’idée de compléter cette évaluation par celle des infirmier(e)s et des aides-soignant(e)s s’occupant quotidiennement des malades concernés, basée sur leur ressenti subjectif de l’état du malade. L’approche suivie a été celle dite d’intelligence collective (ou sagesse des foules – wisdom of the crowds dans la terminologie anglaise).
Le plus souvent possible, chaque soignant évalue subjectivement l’état de conscience du patient au moyen d’une échelle visuelle analogique notée de 0 à 10, proche de celle utilisée dans l’appréciation de la douleur. Puis les données obtenues sont rassemblées pour un même patient.
L’outil, baptisé DoC-feeling (Disorders of consciousness) a été testé 692 fois chez 47 patients hospitalisés pour évaluation de leur état de conscience, par 83 infirmier(e)s et aides-soignant(e)s. Ses résultats étaient concordants avec ceux obtenus par examen CRS-R et par imagerie. Ils ont été publiés dans le prestigieux British Medical Journal (Open).

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