mercredi 20 mars 2019

Psychiatrie : des soignants se mobiliseront ce jeudi pour redonner du sens au secteur

Elsa Bellanger
| 20.03.2019








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    Psychiatrie : des soignants se mobiliseront ce jeudi pour redonner du sens au secteur

Crédit Photo : S. Toubon

Les annonces de rallonge budgétaire par la ministre de la Santé et d’« initiative d’ampleur », par le président de la République, n’auront pas suffit à apaiser le secteur de la psychiatrie. « Après des années de mesures d’économie, l’annonce d’un renforcement des moyens est bien en deçà des besoins d’une psychiatre en souffrance de longue date », lance le Dr Marc Bétrémieux, psychiatre et président du Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH).

Pour des « soins plus humains »
Soutenus par des syndicats du secteur, des collectifs de soignants appellent à une nouvelle mobilisation demain pour des « soins plus humains ». Baptisée « printemps de la psychiatrie », leur initiative compte réunir, à Paris, les usagers, leurs familles et les professionnels de santé.
Après une année émaillée d’actions, parfois dures, à l’image de la grève de la faim des personnels de l’hôpital du Rouvray, « les attentes sont aujourd’hui plus fortes et les professionnels de santé plus déterminés », avertit le Dr Mathieu Bellahsen, un des initiateurs du « printemps de la psychiatrie », né dans la suite de la journée de mobilisation du 22 janvier dernier.
Si la question des moyens financiers et humains reste une revendication importante des soignants, d’autres sujets ont émergé, tels que la revendiation d'un « changement de logique »« Ce n’est pas seulement une question de moyens, c’est aussi une question de sens : à quoi sert la psychiatrie ? Et quelle place on veut lui donner dans la société ? », interroge le Dr Mathieu Bellahsen.
Une contestation des orientations gouvernementales
Rejetant les discours de stigmatisation des patients et la logique de régulation sociale assignée au secteur, les professionnels de santé souhaitent « du temps » et la création « de nouvelles relations entre soignants et usagers », poursuit le psychiatre. Il s’agit également de ne pas « mettre tous les moyens sur la détection précoce. Il faut bien sûr de la prévention, mais aussi des dispositifs adaptés à tous les moments de la maladie. Pour cela, nous avons besoin de lieux de soins de qualité, de lieux d’aval, etc. ».
Appelant à se joindre au mouvement, le SPH dénonce également la logique à l’œuvre. Dans un communiqué, il pointe les « orientations du projet gouvernemental » qui, « appliquées à la psychiatrie, ont affaibli sa nature singulière au sein de la médecine pour la faire rentrer à tout prix dans une logique de réduction des coûts ». Selon le syndicat, les priorités affichées « encouragent l’hyperspécialisation, le surinvestissement de certaines pratiques au faible impact face au nombre toujours croissant de patients suivis par les secteurs, et la mise en concurrence des moyens qui aggravent l’éclatement de l’offre de soins ».
Dans une lettre adressée la semaine dernière à Emmanuel Macron, le SPF et l’ensemble des organisations professionnelles et syndicales demandaient à être reçus pour lui faire part de leurs inquiétudes. En novembre dernier, dix propositions avaient été formulées pour sortir la psychiatrie de la situation d’urgence dans laquelle elle se trouve.

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