samedi 23 mars 2019

Bon usage du médicament : « des marges d’amélioration considérables » selon le patron de la Cnam

Stephane Lancelot
| 22.03.2019


Nicolas Revel
Stéphane Lancelot

Invité vendredi de la seconde édition du colloque sur le Bon usage du médicament*, Nicolas Revel, directeur général de l’Assurance maladie a évoqué les progrès réalisés en la matière et ceux restant à faire.
« La France était presque championne du monde de la consommation de médicaments, a rappelé Nicolas Revel lors de son intervention. Si sa consommation s’est rapprochée ces dernières années de la moyenne des pays de l’OCDE, (…) elle a continué à progresser. » Selon le DG de la Cnam, « le volume de consommation reste très important » en France avec une moyenne « de 48 boîtes de médicaments consommés par patient chaque année ».

Les chiffres encourageants de la nouvelle ROSP
Actuellement, le poste de la consommation de médicaments « tourne autour de 38 milliards d’euros (dont 32 pour la ville) et la prise en charge obligatoire par l’Assurance maladie se situe autour de 27 milliards d’euros », a indiqué Nicolas Revel. Selon lui, il y a toutefois « un consensus absolu pour dire que cette maîtrise de la progression des dépenses gagnerait à s’appuyer davantage encore sur la pertinence et la sécurité des soins que sur d’autres modes de régulation. »
Malgré les progrès réalisés, le patron de la Cnam estime que « les marges d’amélioration demeurent considérables », notamment sur la consommation d’antibiotiques. « La France est le troisième plus gros consommateur européen », souligne-t-il.
Ainsi, les incitations de la caisse ont été renforcées dans le cadre de la nouvelle ROSP, issue de la convention médicale de 2016. Avec, à la clé, « des premiers résultats intéressants », dixit Nicolas Revel. « Nous avons observé dès cette première année (ROSP perçue en 2018 au titre de l’année 2017, ndlr) des résultats encourageants pour les deux indicateurs relatifs à la consommation d’antibiotiques (réduction du nombre de traitements antibios chez les patients de 16 à 65 ans sans ALD et prescription des médicaments générant le plus d’antibiorésistance). »
La réduction du premier indicateur de 3,4 points par rapport à l’année précédente représente ainsi 770 000 traitements évités. Des résultats positifs ont également été enregistrés sur les indicateurs relatifs à l’iatrogénie.
Antibiotiques : une nouvelle campagne d’information en 2020
« Au-delà de la ROSP nous devons agir sur ensemble des déterminants, a souligné Nicolas Revel. Y compris sur la perception des antibiotiques par les patients. » « La campagne "Les antibiotiques, c’est pas automatique" a été une belle campagne, qui a marqué les esprits. Depuis, on n’a jamais réussi à faire aussi bien », a regretté le DG de l’Assurance maladie. Celui-ci a indiqué que le ministère de la Santé avait demandé à la caisse de « recommuniquer de manière efficace dessus »« Nous allons travailler sur cette requête pour l’année 2020 », a-t-il assuré.
Le bon usage du médicament, « un enjeu concret pour les futures CPTS »
Pour diminuer la surconsommation et le mésusage des médicaments, l’Assurance maladie entend « mobiliser les compétences de toutes les professions de santé », a déclaré Nicolas Revel, qui précise que les « médecins prescripteurs doivent évidemment être au centre de cette stratégie » et que la caisse mène une réflexion pour mieux les accompagner.
Un nouvel acte à la nomenclature infirmière, créé dans le cadre de l'avenant 6 de leur convention, va être créé pour l’accompagnement à domicile de la prise médicamenteuse, a également rappelé Nicolas Revel. « L’objectif est de favoriser l’adhésion au traitement, l’observance, et de prévenir des risques liés à l’iatrogénie, a-t-il expliqué. Ce sera un acte prescrit par le médecin qui met en œuvre ou modifie un traitement, ou au cours d’une situation clinque susceptible de remettre en question une stratégie thérapeutique pour un patient polymédiqué et fragile ».
Enfin, le patron de la Cnam estime que « cette nécessité de faire intervenir l’ensemble des professions utiles autour du patient implique évidemment de la coordination » et se dit par conséquent convaincu que le « bon usage du médicament, le bon suivi des patients polymédiqués constituent pour les futures CPTS des enjeux très concrets ».
*Organisé par l' « Association Bon usage du médicament », composée de 18 partenaires actifs (Leem, CSMF, FSPF, Ordre des infirmiers…) et en partenariat avec Nehs propriétaire du groupe GPS dont Le Généraliste fait partie.

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