mardi 26 février 2019

Les agriculteurs très touchés par la dépression, d’après le BEH

Nicolas Evrard
| 26.02.2019

Agriculteur
VOISIN/PHANIE
En pleine période du Salon de l'agriculture à Paris (du 23 février au 3 mars), le BEH publie un article sur la prévalence de la symptomatologie dépressive chez les actifs affiliés à la Mutualité sociale agricole (MSA). Dans cette population, cette prévalence est importante : de 14,7% chez les hommes salariés, et 21,2% chez les femmes. Chez les hommes la prévalence de cette symptomatologie augmente avec l'âge (sans variabilité significative selon l'âge chez les femmes).

Parmi les non-salariés, cette prévalence de la symptomatologie dépressive est presque tout aussi importante, atteignant 13,6% chez les hommes et de 19,1% chez femmes.
Ces résultats sont ceux d'une phase pilote de l'étude de la cohorte Corset-MSA conduite en 2010 dans cinq départements (Bouches-du-Rhône, Finistère, Pas-de-Calais, Pyrénées-Atlantiques et Saône-et-Loire). Au total 2 363 personnes âgées de 18 à 65 ans, salariées et non salariées affiliées à la MSA, ont complété un auto-questionnaire centré sur la symptomatologie dépressive en utilisant la version française de l'échelle Center for Epidemiologic Studies-Depression (CES-D).
Focus sur les éleveurs de bovins
Parmi les travailleurs agricoles, les employés et ouvriers sont les plus touchés par la symptomatologie dépressive. Parmi les non-salariés, la prévalence de cette symptomatologie chez les éleveurs bovins (viande ou lait) ne semblait pas supérieure à l'ensemble des agriculteurs exploitants. A noter cependant qu'une surmortalité par suicide avait été observée chez les hommes éleveurs de bovins entre 2008 et 2010 par rapport à la population générale masculine du même âge.
Au final, ces résultats sont à mettre en perspective avec les données issues du baromètre santé 2017, publié dans le BEH d'octobre 2018, rapportant que parmi les 18-75 ans, la prévalence d'une Episode dépressif caractérisé était en moyenne de 9,8%, 2 fois plus élevée chez les femmes (13%) que chez les hommes (6,4%).
Risque de suicides
Les résultats de cette phase pilote de l'étude Corset-MSA montrent une importante prévalence de la symptomatologie dépressive dans cette population d'agriculteurs actifs. Ils recoupent ceux de la littérature épidémiologique internationale qui « semble suggérer que les actifs travaillant dans le secteur agricole sont un risque plus élevé d'avoir des troubles de santé mentale qu'en population générale », écrivent les auteurs de l'article du BEH.
D'autres études montrent également que les actifs travaillant dans le secteur agricole présentent « une mortalité par suicide supérieure à celle observée dans d'autres professions et secteurs d'activité, en France comme à l'étranger ».

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