lundi 25 février 2019

La solitude des familles face à la crise psychiatrique

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Après la découverte du corps de sa mère à Paris, un homme de 33 ans a été placé lundi 16 février à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police.

Prudentes sur ce drame, les associations soulignent le désarroi des proches de personnes schizophrènes, souvent livrés à eux-mêmes en cas de crise.
Certes, en cas de danger pour la personne elle-même ou pour autrui, un proche peut la faire hospitaliser sous contrainte.
Certes, en cas de danger pour la personne elle-même ou pour autrui, un proche peut la faire hospitaliser sous contrainte. / Julien Tromeur - stock.adobe.com

C’est le genre de fait divers qui tétanise les psychiatres et les familles, mobilisés au quotidien pour donner une autre image de la maladie mentale et pour faire voler en éclats l’association entre schizophrénie et violence. « Chaque meurtre, impliquant une personne malade, a souvent un fort écho dans les médias qui n’hésitent pas à donner des détails sordides sur le passage à l’acte », soupire Fabienne Blain, présidente du Collectif Schizophrénies.

« Un homicide sur vingt en moyenne »

Dimanche 17 février, les pompiers ont découvert, dans un appartement à Paris, le corps d’une femme d’une soixantaine d’années. Dans la journée, son fils s’est présenté à la police. Selon Le Parisien et France Bleu, l’homme âgé de 33 ans, adressé ce lundi 18 février à l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police, souffre de schizophrénie. « Comme à chaque fait divers, il faut rappeler que les personnes souffrant de troubles mentaux ne sont que très rarement auteurs de violences graves. Ils sont impliqués dans un homicide sur vingt en moyenne », explique Jean-Louis Senon, professeur de psychiatrie au CHU de Poitiers.
Cette femme, décédée à Paris, avait déposé en octobre une main courante à la police, expliquant que son fils avait menacé de la tuer. « C’est évidemment terrible pour une mère ou un père de franchir la porte d’un commissariat pour dénoncer son propre enfant. Certains se refusent à franchir le pas et c’est nous qui les poussons à le faire », explique Michel Girard, président délégué de l’Unafam (1) dans les Hauts-de-Seine.
« Aller voir la police est bien souvent le seul moyen pour qu’on prenne les choses au sérieux et qu’on déclenche une intervention médicale », ajoute Fabienne Blain, prudente sur ce drame survenu à Paris. « Mais on peut penser que cette dame s’est, comme beaucoup de parents, retrouvée dans une très grande solitude face à une situation de crise », poursuit cette responsable associative.

Les secours parfois difficiles à mobiliser

Certes, en cas de danger pour la personne elle-même ou pour autrui, un proche peut la faire hospitaliser sous contrainte. Mais avant d’en arriver là, les secours sont parfois difficiles à mobiliser. « À Paris, si vous appelez les urgences de l’hôpital psychiatrique pour dire que votre enfant va mal, on va vous dire de l’amener sur place. Mais comment faire si celui-ci refuse tout soin ? Et si vous appelez SOS Médecins ou les pompiers, ils vous diront que la psychiatrie, ce n’est pas leur compétence », explique Fabienne Blain.
Le professeur Senon confirme le désarroi de beaucoup de familles. « C’est la raison pour laquelle nous avons souhaité que dans la loi de 2011, révisée en 2013, une convention soit mise en place dans chaque département entre l’hôpital psychiatrique, le Samu, les pompiers et la police pour permettre une intervention coordonnée en cas de crise. Cela s’est mis en place dans certains endroits, mais pas du tout dans d’autres ».

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