vendredi 4 janvier 2019

En psychiatrie, la rallonge budgétaire « pérenne » de 50 millions d’euros est jugée insuffisante

Elsa Bellanger
| 03.01.2019



psychiatrie
Crédit Photo : S. Toubon

Avant la trêve des confiseurs, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé une rallonge budgétaire de 50 millions d’euros pour la psychiatrie. Ces fonds « pérennes » doivent permettre de « répondre aux difficultés du secteur » et d’« engager les transformations nécessaires », indique le ministère. Cette enveloppe devra également contribuer à la réduction des « inégalités de financement existant aujourd’hui » entre les différentes régions.

Une situation devenue intenable
Il s’agit d’un « message important, même si la somme reste faible au regard des besoins de la psychiatrie, réagit le Dr Marc Betremieux, chef du pôle psychiatrie du CH d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais) et Président du Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux (SPH). Nous alertons depuis des années sur les effets des restrictions budgétaires. La situation est devenue intenable, avec une distance entre les discours et les promesses de la ministre et le manque de reconnaissance et les souffrances des équipes ».
En janvier 2018, lors de la présentation d’un plan d'action de 12 mesures, la ministre avait affiché son ambition de maintenir le budget de la psychiatrie. « La psychiatrie ne sera plus le parent pauvre : j'en fais une priorité de santé », avait-elle déclaré le 26 janvier, devant les psychiatres réunis au Congrès de l'Encéphale. Cette priorité donnée à la discipline a été réaffirmée lors de la présentation de Ma Santé 2022, en septembre dernier.
Des mesures d'urgence
L'enveloppe de 50 millions d'euros, incluse dans les dépenses d’assurance-maladie adoptées en 2018, correspond à une « préservation renouvelée » des moyens en 2019, indique le ministère. Cette somme sera complétée par la création, en 2019, d’un fond d’innovation en psychiatrie doté de 10 millions d’euros. Ces efforts financiers s’accompagneront d’une « priorisation des moyens et capacités d’accueil en pédopsychiatrie dans les territoires ».
« Ces mesures relevaient d’une urgence, commente Marc Betremieux. C’est un premier message, mais cela ne suffit pas. La psychiatrie est en colère et les professionnels restent mobilisés. Des chantiers restent à mener sur la validité des parcours, sur la continuité des soins, sur l’articulation entre l’ambulatoire, les généralistes et les équipes mobiles, etc. ».

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