jeudi 20 décembre 2018

« Attaques », « chasse aux sorcières » : après 2018, annus horribilis, les homéopathes veulent relever la tête





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Crédit Photo : PHANIE
Dur dur d'être un médecin homéopathe ! Après une année 2018 riche en polémiques et autres querelles autour des « fake médecines », le Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF) dresse un bilan difficile. Dans sa dernière newsletter intitulée « 2018, une année d'attaques contre l'homéopathie », son président, le Dr Charles Bentz, revient sur les événements qui ont marqué la discipline depuis janvier et annonce la couleur pour 2019.
Une tribune, 124 signataires, 59 plaintes
Sans surprise, pour le syndicat, la racine du mal correspond à la publication dans le « Figaro », le 19 mars, d'une tribune intitulée « Comment faire face à la montée des Fake Médecines ? » Forte de 124 signataires et assortie d'une pétition en ligne, elle met en cause l'homéopathie au même titre que toutes les thérapies dites « alternatives »et autres « pratiques ésotériques ». Très vite, le hashtag #FakeMed se répand sur les réseaux sociaux et donne lieu à des débats enflammés au sein même de la profession.

Piqués au vif, les médecins du SNMHF ont riposté. « Le niveau d'insultes que nous avons reçues nous a contraints à poursuivre nos adversaires devant le conseil de l'Ordre des médecins », rappelle la newsletter. Dès avril, le syndicat du Dr Bentz a déclenché une vague de procédures disciplinaires à l'encontre des auteurs de la tribune. « Ne pas poursuivre ceux qui ont publiquement sommé l'Ordre des médecins de nous destituer de notre titre de médecin aurait-il suffi à laisser pourrir la situation, à laisser le temps jouer son œuvre ? Il serait naïf de le croire », se justifie-t-il a posteriori.
Vaste programme quand on sait que, parmi les 124 médecins signataires, beaucoup ont eu recours à un pseudonyme et qu'il faut, pour chacun d'eux, saisir la chambre départementale de rattachement. À l’heure qu’il est, le SNMHF revendique 59 plaintes.
L'enseignement universitaire en question
La controverse a eu un écho puissant. Le SNMHF recense quelque 350 articles sur le sujet. « Et nous sommes sûrement loin du compte ! » Une telle couverture médiatique a conduit les facultés de médecine d'Angers et de Lille à suspendre voire supprimer leur diplôme (DU) d'homéopathie.
Mais plusieurs événements sont venus éclairer « l'atmosphère de chasse aux sorcières » dénoncée par le SNMHF. À l'été, des syndicats de médecins (CSMF et SML) ont appelé à la mesure face à la polémique grandissante. Plus tôt, l'Ordre des médecins s'était montré prudent, refusant de condamner la pratique.
Le SNMHF a également vu dans plusieurs articles de presse le soutien d'une partie de l'opinion, citant un article du « Monde » dans lequel la sociologue Cécile Méadel nuance la représentativité des médecins « anti fake med ». Le « Quotidien » est également cité, parmi d'autres journaux médicaux, pour les commentaires de ses lecteurs médecins qui « de plus en plus (...) appellent nos adversaires à moins de certitudes, voire moins d'arrogance », analyse le syndicat.
Pour couronner le tout, les homéopathes ont perçu le soutien d'une majorité de l'opinion publique. Début novembre, un sondage IPSOS a révélé que 69 % des Français gardaient confiance dans la pratique.
Enfin, c'est le report de la décision de la Haute autorité de santé (HAS), annoncé au début du mois de décembre, qui semble, pour le SNMHF, sonner l'heure de la révolte.
Riposte annoncée des homéopathes
Car en 2019, les médecins homéopathes comptent bien regagner le terrain perdu. Dès le 19 janvier, ils se mettront en ordre de bataille à l'occasion de leurs 8e assises qui se tiendront à Malakoff (Hauts-de-Seine). Par la suite, un « livre blanc » cosigné par le SNMHF et la Société savante d'homéopathie (SSH) devrait voir le jour.
En attendant, le syndicat indique avoir conçu une affiche pour sensibiliser l'opinion dans les salles d'attente et propose à ses patients d'adresser un courrier aux élus locaux et au ministère de la Santé pour défendre l'homéopathie. « À ce jour, plusieurs milliers de patients nous ont rejoints », expose fièrement le syndicat.
2019 devrait donc marquer l'an II de cette querelle qui a très largement animé la communauté médicale en 2018.

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