vendredi 30 novembre 2018

Pollution automobile : entre 66,7 et 79,8 milliards d’euros de frais de santé chaque année en Europe

Elsa Bellanger
| 28.11.2018


Trois ans après le « Dieselgate », ce scandale industriel et sanitaire où le groupe Volkswagen avait utilisé différentes techniques pour réduire les émissions polluantes de certains de ses moteurs pour les tests d’homologation, l’Alliance européenne de Santé publique (European Public Health Alliance - EPHA) s’est intéressée à l'ampleur « toujours cachée » des coûts sanitaires de la pollution par le diesel. « Bien que l’impact des émissions de diesel sur l’environnement soit bien connu, on se préoccupe peu de ses effets sur la santé », déplore l’organisme européen qui regroupe une centaine d’associations et de professionnels de santé.
Les NOx en cause
Selon leurs calculs, la pollution automobile générerait 66,7 milliards d’euros de frais de santé chaque année, en Europe, dont 83 % sont attribués aux seuls véhicules diesel. Ce coût correspond à la prise en charge des maladies respiratoires et cardiovasculaires associées au trafic routier. Ce sont les oxydes d’azote (NOx), issus des moteurs diesel, qui sont principalement en cause. Pour obtenir ces résultats, l’EPHA s’est tournée vers un centre de recherche indépendant néerlandais, CE Delft.
Leur étude s’est appuyée sur la norme européenne de calcul des émissions de polluants des voitures (Copert) et sur les données de 2016 de neuf pays de l’Union européenne : Allemagne, Pologne, Espagne, Autriche, Hongrie, Slovénie, Bulgarie, Roumaine et Estonie. En prenant en compte les mesures du projet TRUE (the Real Urban Emmissions Initiative), de l’ONG Conseil international pour un transport propre (ICCT), qui enregistrent les niveaux de pollution de 400 000 véhicules, en condition réelle, l’équipe néerlandaise aboutit à un coût sanitaire de 79,8 milliards d’euros, dont 75 % attribués au diesel.
Des décès évitables
« Malgré la couverture médiatique dont bénéficie le scandale Dieselgate, trop peu de mesures ont été prises en Europe pour réparer les dommages causés par les dépassements des émissions », insiste l’EPHA. « À titre indicatif, des études ont montré que 10 000 décès prématurés d'adultes de plus de 30 ans en 2013 étaient causés par les émissions de NOx des voitures diesel et des véhicules utilitaires légers. Environ la moitié de ces décès auraient pu être évités si les réglementations de l'UE sur les valeurs limites avaient été respectées », poursuit l’organisation.

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