jeudi 18 octobre 2018

Quelle place pour le plaisir dans les films pornos ?

LES CHEMINS DE LA PHILOSOPHIE par Adèle Van Reeth
04/10/2018
58 MIN

Que vous évoque le mot « pornographie » ? Une réalité sulfureuse, un plaisir coupable ou un danger ? Approuvée ou condamnée, les films X existent. Mais alors, quel est donc l’impact de la vision de ces films chez les jeunes adolescentes ? Et comment vivre la démocratisation de la pornographie ?
Yes! Yes! Yes!
Yes! Yes! Yes! Crédits : Tony Ward / TCS - thecoverstory - Maxppp

Les invitées du jour :

Ludivine Demol, enseignante à l'Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, autrice d'une thèse en cours sur la consommation pornographique dans la construction identitaire genrée des adolescentes
et Céline Tran, actrice, scénariste de BD, co-directrice de la collection de BD PORN’POP aux éditions Glénat et ancienne actrice porno.
La pornographie est aujourd’hui une production culturelle consommée en masse.
La question de l’impact négatif de la pornographie sur les jeunes est une inquiétude récurrente dans les médias : à l’heure d’internet, quatre adolescents sur cinq ont déjà vu des images à caractère pornographiques. Parfois, ils y sont confrontés très tôt, même avant leur propre puberté et leurs premiers émois amoureux. Si la sexualité fait partie d’un apprentissage, peut-on être éduqué à la pornographie avant même d’être éduqué à la sexualité ? 

Le porno, un show caricatural

Le danger de la pornographie peut être celui d’imposer un modèle et de faire croire aux jeunes qu’il faut vivre sa sexualité comme dans un film. Même si j’ai beaucoup aimé ma carrière dans le porno je reconnais qu’on est toujours dans un modèle répétitif… Si la recette fonctionne sur le consommateur, parce qu’il faut rappeler que les vidéos X sont du contenu masturbatoire, il ne s’agit pourtant pas d’un modèle à suivre… Il faut dire aux jeunes que le porno est un show caricatural, la sexualité est quant à elle un langage intime.  
Céline Tran

La dévalorisation de la sexualité féminine

Si on supprimait la pornographie ça ne résoudrait aucun problème puisqu’on trouve déjà des actes de domination des hommes sur les femmes dans à peu près toutes les productions culturelles.  
La sexualité des femmes, en dehors de l’acte hétérosexuel avec leur conjoint, est dévalorisée : qu’elles se masturbent, qu’elles regardent du porno ou qu’elles fassent du porno, qu’elles soient travailleuses du sexe etc…  
Ludivine Demol

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