samedi 27 octobre 2018

La dysmorphophobie : le côté sombre de la beauté

Publié le 15/09/2018








L’on ne parle pas souvent de la dysmorphophobie. Le trouble n’est pas rare pourtant, et, selon une enquête menée en Allemagne, concernerait près de 2 % de la population et jusqu’à 4 % des étudiants. La dysmorphophobie est une préoccupation excessive de son apparence avec une focalisation intense sur un défaut, qu’il soit réel ou non. Dans sa classification ICD10, l’Organisation mondiale de la santé place la dysmorphophobie dans l’hypochondrie. Le DSM-V l’inscrit en revanche dans les troubles obsessionnels et connexes, avec un critère diagnostique décrivant des comportements répétitifs ou des actes mentaux en réponse à cette préoccupation concernant le (ou les) défaut(s) perçu(s). Le trouble s’accompagne généralement d’une limitation significative des contacts sociaux et professionnels, mais aussi de troubles fonctionnels.

La dermatologie est un domaine particulièrement concerné par la dysmorphophobie, puisqu’entre 11,9 % et 15,6 % des consultations de dermatologie générale seraient en lien avec ce trouble, et jusqu’à 23 % des demandes en cosmétologie. Une prévalence qui, selon les enquêtes récentes, serait en hausse. La maladie touche particulièrement les femmes entre 35 et 50 ans, et les hommes de moins de 35 ans. L’examen clinique est normal ou ne retrouve éventuellement que des variants minimes de la norme. En revanche, des troubles dépressifs, anxieux ou compulsifs ne sont pas rares, et souvent accompagnés d’une phobie sociale.

La quête d’une inaltérable jeunesse

Notons cette forme particulière de la dysmorphophobie, connue sous le terme de « syndrome de Dorian Gray », qui est le désir de rester définitivement jeune. Le syndrome associe le désir de conserver sa jeunesse à une régression narcissique et une phobie sociale, et fréquemment aussi à la prise de produits « style de vie » (« lifestyle medications ») censés freiner le processus de vieillissement ou à l’addiction aux injections de toxine botulique ou autres.
Si ce type de médicaments peut faire partie de la prise en charge, la dysmorphophobie fait partie des troubles qui peuvent bénéficier d’une approche psycho-dynamique. Celle-ci a démontré une certaine efficacité, avec la possibilité d’une réduction des symptômes d’environ 75 %.
Il s’agit sans doute d’un trouble trop souvent méconnu ou négligé, qui, à l’heure de ce que certains considèrent comme la « tyrannie de l’apparence » mériterait sans doute plus d’attention.
Dr Roseline Péluchon


RÉFÉRENCES
Gieler U. : Body dysmorphic disorder: Shadow of the beauty. 27ème EADV Congress – 12-16 septembre 2018 – Paris

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