vendredi 19 octobre 2018

Idées de suicide aux Urgences, appelez le psy !

Publié le 20/10/2018

En 2016 aux États-Unis, le suicide était la dixième cause de décès tous âges confondus et la septième cause « d'événements indésirables » en cours d’hospitalisation. Nombreux sont ceux qui se présentent aux Urgences avec des idées suicidaires. L'utilisation d'échelles de dépistage du suicide y est préconisée, sans toutefois, pouvoir garantir que les patients classés à faible risque sur ces échelles peuvent quitter le service des Urgences en toute sécurité. Une étude observationnelle prospective a évalué l'utilité de trois outils de dépistage du suicide couramment utilisés aux Urgences afin de prédire leur fiabilité tout particulièrement chez les patients dits à faible risque, parmi un échantillon de patients qui ont répondu " oui " à une question d'idéation suicidaire de triage.
Les patients ont été évalués selon l'échelle modifiée pondérée SADPERSONS, la Suicide Assessment Five-step Evaluation, l'évaluation en cinq étapes et le triage, ainsi que l'échelle Columbia-Suicide Severity Rating Scale. Ils ont par la suite fait l'objet d'une exploration psychiatrique, puis la pertinence de ces outils de dépistage pour prédire la disposition au suicide a été examinée.

Difficile d’identifier les patients à risque de suicide avec de simples tests de dépistage

Deux cent soixante-seize patients ont rempli les trois tests de dépistage du suicide et ont été inclus. Quatre-vingt-deux patients (30 %) ont été hospitalisés dans le service des Urgences ou transférés dans un autre service. Trois patients (1 %) sont décédés par suicide dans l'année qui a suivi leur inclusion dans l’étude. L'un d'eux a été hospitalisé à la fin de sa visite d'inclusion dans l’étude, et s’est donné la mort sept mois plus tard et les deux autres n’ont pas été hospitalisés dans la foulée, et se sont suicidé respectivement neuf et dix mois après leur inclusion dans l’étude. Les outils de dépistage présentaient de modestes valeurs prédictives négatives (intervalle : 0,66 à 0,73).

Bien qu’il s’agisse-là d’une étude portant sur de faibles effectifs, ces trois outils de dépistage du suicide appliqués consécutivement à un même patient ont fait preuve d'une valeur prédictive bien modeste en matière de disposition des patients à se suicider, alors qu’ils s’étaient présentés aux Urgences avec des idées suicidaires. Les auteurs en concluent sagement que leur étude conforte la récente recommandation de l'American College of Emergency Physicians qui édicte que :  « Chez les patients qui se présentent aux Urgences avec des idées suicidaires, les médecins ne devraient pas utiliser isolément (c’est à dire, sans un examen psychiatrique systématique) les outils d'évaluation des risques actuellement disponibles, pour identifier les patients à faible risque de suicide et décider de leur sortie ».

Dr Bernard-Alex Gaüzère
RÉFÉRENCE
Mullinax S, Chalmers CE, Brennan J, Vilke GM, Nordstrom K, Wilson MP. : Suicide screening scales may not adequately predict disposition of suicidal patients from the emergency department. Am J Emerg Med. 2018; 36: 1779-1783. doi: 10.1016/j.ajem.2018.01.087.

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