jeudi 13 septembre 2018

Indignation après des propos anti-IVG du chef de file des gynécos

Par LIBERATION, avec AFP — 
Le docteur Bertrand de Rochambeau en février 2016
Le docteur Bertrand de Rochambeau en février 2016
Photo MIGUEL MEDINA. AFP

Le président du Syndicat national des gynécologues Bertrand de Rochambeau a comparé mardi sur TMC la pratique de l’avortement à un «homicide», des propos condamnés par des associations féministes et la ministre de la Santé, mais aussi l'Ordre des médecins.

«Nous ne sommes pas là pour retirer des vies» : dans un reportage diffusé mardi dans Quotidien, Bertrand de Rochambeau, président du Syndicat national des gynécologues (Syngof) a justifié son refus de pratiquer l’interruption volontaire de grossesse, au nom de sa clause de conscience, des propos qui ont provoqué un tollé notamment chez les associations féministes. 
Lorsque la journaliste de l’émission de TMC lui objecte que «ce n’est pas un homicide de faire une IVG», le président du Syngof répond: «Si, madame». Avant d’ajouter, dans un autre extrait de cet entretien: «En tant que médecin, je ne suis pas forcé d’avoir votre opinion et, si je ne l’ai pas, la loi me protège et ma conscience aussi».
Selon l’article L2212-8 du Code de la santé publique, «un médecin n’est jamais tenu de pratiquer une IVG», de même qu'«aucune sage-femme, aucun infirmier ou infirmière, aucun auxiliaire médical, quel qu’il soit, n’est tenu de concourir» à cet acte médical. 
En cas de refus, le médecin doit cependant «communiquer immédiatement le nom de praticiens susceptibles de réaliser cette intervention». Début août, le Syngof, qui revendique 1 600 adhérents à jour de cotisation, soit moins d’un quart des 6 748 gynécologues recensés en 2017 par l’Ordre des médecins, avait défendu cette clause de conscience dans un communiqué, affirmant «ce n’est pas en retirant leur éthique et leur conscience aux médecins que la nation permettra un égal accès à l’avortement pour les françaises qui le demandent».

Des propos condamnés par le gouvernement

«Scandaleux!», a réagi sur Twitter la coprésidente du planning familial, Véronique Séhier, pour qui «la clause de conscience est une entrave aux droits des femmes et à leur santé». La ministre de la Santé Agnès Buzyn et la secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes Marlène Schiappa ont également condamné «fermement» les propos du chef de file des gynécos. «L’IVG doit être un droit réel (...). Rien ni personne ne doit l’entraver», écrit Agnès Buzyn dans un communiqué. «Nous ne devons laisser passer aucune attaque (...) contre le droit des femmes à accéder librement à l’avortement», insiste Marlène Schiappa. 
Le Collectif national pour les droits des femmes a pour sa part estimé sur Twitter que Bertrand de Rochambeau «fait ouvertement de la pub aux lobbys anti-IVG». «Il s’agit de prosélytisme anti-IVG, ce qui de la part du président du Syngof est scandaleux !», a protesté Christian Gaudray, président de l’Union des familles laïques (Ufal). Le rapporteur général de l’Observatoire de la Laïcité, Nicolas Cadène, a également souligné qu'«un refus d’un médecin ne peut s’accompagner d’une quelconque pression ou de prosélytisme religieux».
L’Ordre des médecins a ensuite réagi en publiant un communiqué affirmant que «la clause de conscience ne saurait être un moyen de se soustraire à la loi et aux dispositions de la déontologie médicale, qui sont parfaitement claires.»

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