samedi 25 août 2018

Paris souhaite l'ouverture de nouvelles salles de consommation à moindre risque

Coline Garré
| 23.08.2018


La mairie de Paris demande, par la voix de l'adjointe à la maire en charge de la Santé Anne Souyris, l'ouverture de trois nouvelles salles de consommation à moindre risque (SCMR) en Île-de-France et la création d'un bus itinérant comprenant une salle d'inhalation pour accueillir les fumeurs de crack. 
Le crack, une urgence 
L'une des urgences est la prise en charge des consommateurs de crack, selon Anne Souyris. « La semaine avant la 17e évacuation de la Colline fin juin (talus entre le boulevard de la Chapelle et l'accès au périphérique, au nord de Paris, N.D.L.R.), on recensait jusqu'à 500 usagers de crack, la plupart dans une déshérence sociale et médicale complète » explique au « Quotidien » Anne Souyris.

L'équipe Assore de l'association Aurore avait alors assuré, comme lors des autres évacuations, l'accompagnement et le suivi médico-social des usagers de drogues hébergés à l'hôtel et par le 115. Mais le dispositif permet de ne prendre en charge « que » une soixantaine de personnes par jour…
« Sans oublier que certains restent très difficiles à saisir : le jour de l'évacuation de la Colline, 300 personnes avaient disparu. Nous ne parvenons pas à toucher ces populations : Il faut aller vers elles, et ne pas attendre qu'elles se tournent vers l'institution », poursuit Anne Souyris. 
La mise en place d'un bus permettrait ainsi d'intervenir là où les personnes se trouvent, et de s'adapter à leurs déplacements. Sans éveiller d'éventuelles angoisses chez les riverains. 
Mais elle implique un changement de la loi de 2016 autorisant l'expérimentation des SCMR, qui ne prévoit pas la possibilité d'une salle d'inhalation en première intention. La mairie et plusieurs acteurs de la prévention ont soumis plusieurs propositions en avril à la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA). « Nous attendons avec impatience des éléments concrets dans son plan national sur le crack » qui doit sortir en septembre, dit Anne Souyris. 
Des besoins en Seine-Saint-Denis
Si la première SCMR de France, ouverte à l'automne 2016 au sein de l'hôpital Lariboisière et gérée par l'association Gaïa, fait ses preuves sur le plan de la santé publique, elle ne permet pas de répondre aux besoins de toute l'Île-de-France. « On ne peut pas rester à deux SCMR sur toute la France pendant six ans. Il faut développer le dispositif, qui doit s'adapter au terrain », estime l'adjointe à la maire. La création d'une SCMR en Seine-Saint-Denis est évoquée en lien avec le département du 93. Autre endroit envisagé : les Halles, au centre de Paris. 

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