mardi 10 juillet 2018

Du bon usage du placebo dans les essais cliniques en psychiatrie

09/07/2018

The Canadian Journal of Psychiatry publie un « position paper » (note de synthèse ou prise de position) sur un «sujet controversé » : l’utilisation d’un placebo en médecine, en l’occurrence dans les essais thérapeutiques concernant des médicaments psychotropes. 

Ayant déjà consacré un article à cette question en 1997 en comparant « les arguments favorables et défavorables à l’utilisation de placebos », l’Association des psychiatres du Canada a conclu que le recours au placebo est « justifié dans certaines conditions » d’un point de vue « éthique et scientifique. » Principale condition : l’usage d’un placebo ne doit pas soumettre le patient « à des risques additionnels ou à des dommages sérieux ou irréversibles quand il n’a pas reçu la meilleure intervention éprouvée. » 
Un mal nécessaire pour un mieux ultérieur
L’utilisation du placebo est ainsi tiraillé entre des considérations éthiques (ne pas refuser à un patient le meilleur traitement déjà éprouvé) et des arguments techniques (pouvoir valider la pertinence « statistiquement significative » de l’efficacité d’un nouveau traitement). La Conférence internationale sur l’harmonisation des exigences techniques pour l’enregistrement des médicaments à usage humain (CIH)[1] reconnaît « l’importance des méthodes de recherches rigoureuses, y compris la randomisation, le double insu et divers moyens de contrôle (incluant les contrôles par placebo) pour établir l’efficacité et l’innocuité des nouveaux médicaments, avant d’en approuver la commercialisation. » 

Comme le rappelle cette nouvelle note, « tout nouveau traitement doit démontrer son efficacité et son innocuité, avant que l’usage n’en soit approuvé. » Or actuellement, la méthode la plus courante et la plus objective pour suggérer cette efficacité et cette innocuité reste la « comparaison du nouveau médicament (ou d’un autre type de traitement) avec un placebo (ou un traitement simulé) à l’aide d’un essai randomisé contrôlé[2]. » On pourrait donc résumer l’usage du placebo en disant qu’il s’apparente à « un mal nécessaire », dans l’espoir d’obtenir un « mieux ultérieur. »


Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Hasnain M et coll.: Use of placebo in clinical trials of psychotropic medication. The Canadian Journal of Psychiatry, 2018, 63: 338–346.

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