dimanche 29 juillet 2018

Cinquante propositions pour réduire les maladies professionnelles dans l'industrie

Damien Coulomb
| 25.07.2018



maladie professionnelle
Crédit Photo : Phanie

Les risques de pathologie professionnelle dans l'industrie restent un sujet d'actualité, malgré une tendance à la désindustrialisation. « Sous le feu de la concurrence mondialisée [...], les organisations sont bouleversées… et l'humain, au cœur de cette tectonique, est trop souvent abîmé » affirme le rapport adopté le 9 juillet dernier par la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, et rendu publique ce mercredi. De plus, et malgré la destruction massive d'emplois dans l'industrie, trois millions de personnes y travaillent encore en France.

Chaque année, ce sont environ 50 000 personnes qui se voient reconnaître une maladie professionnelle. La commission estime qu'il est possible de réduire considérablement ce nombre de victimes en organisant la traçabilité des expositions professionnelles grâce au dossier médical partagé, en améliorant l'imputabilité des risques et leur suivi, en reliant la prise en charge des victimes à une politique de prévention renouvelée et en créant les outils nécessaires à la mise en place d'une surveillance et d'une culture de la prévention.
Les troubles musculosquelettiques en tête
Selon le rapport annuel de l'assurance maladie sur les risques professionnels, les troubles musculo-squelettiques (TMS) représentent 87 % des 48 762 nouvelles maladies professionnelles recensées en 2016. Les affections périarticulaires représentaient 90 % des troubles musculo squelettiques. Les lombalgies représentent 8 % des nouvelles victimes et les lésions chroniques des ménisques 1 %.
Entre 2012 et 2016, le nombre de nouvelles victimes de TMS a baissé de 8 % mais « les salariés des secteurs industriels restent particulièrement exposés à ce risque », selon le rapport. En 2010, 82 % des ouvriers qualifiés travaillant par formage de métal et des ouvriers qualifiés du travail du bois et de l'ameublement étaient exposés à au moins une contrainte physique intense. Ce taux était de 74 % pour les ouvriers non qualifiés.
Les cancers en faible diminution
Les cancers professionnels (1 778 en 2016) sont globalement en diminution (-11 % pour les cancers liés à l'amiante, -10 % des hémopathies provoquées par le benzène et assimilés…) mais on assiste à une forte augmentation des lésions prolifératives de la vessie provoquée par les amines aromatiques, leurs sels et la n-nitrosodibutylamine (116 en 2016, soit 63 % en plus par rapport à 2012).
Au niveau national, 596 cas de maladies psychiques liées au travail ont été reconnus en 2016. Il s'agit de dépression pour 77 %, et de troubles anxieux et de stress post-traumatique dans 22 % des cas (respectivement 68 et 65 cas).
La commission formule 43 propositions : réactiver l'obligation faite à tout médecin de signaler toute maladie pouvant avoir un caractère professionnel, confier à l'Agence Santé Publique France la collecte et l'exploitation de ces données épidémiologiques, mettre en place des études épidémiologiques. Le rapport propose aussi la création d'une école nationale de santé au travail, à partir du réseau national de vigilance et de prévention des pathologies professionnelles.
Elle estime que, pour chaque poste, il faut imposer l'élaboration d'une fiche de risques, et prévoir, dans la formation des généralistes, un module dédié aux pathologies, aux risques et aux facteurs d'exposition professionnels.

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