vendredi 1 juin 2018

Violences, incivilités : en Italie, des médecins et paramédicaux hospitaliers équipés de sifflets pour appeler au secours

Ariel F. Dumont
| 01.06.2018




hopital italien
Crédit Photo : S. Toubon

Un médecin hospitalier giflé à Naples par la famille d’un patient. Une urgentiste menacée de mort par le père d’un patient qui tente ensuite de l’étrangler. Une équipe de paramédicaux bloquée par un patient armé d’un katana, le sabre japonais des samouraïs…
Ces histoires édifiantes de violences dans des établissements ont conduit l’association des médecins et chirurgiens hospitaliers italiens (Aso) à tirer la sonnette d’alarme et à réclamer la mise en place de mesures de protection. Selon les dernières estimations, 1420 plaintes ont été déposées l’an dernier. Une dizaine d'agressions (violences, incivilités) par jour seraient recensées en moyenne.

Délais
À l’origine du comportement agressif des patients ou des familles, on trouve souvent, comme en France, les délais d’attente aux urgences, des résultats d’analyse jugés « trop longs » ou encore des retards dans la distribution des repas. « Avec la réduction du personnel hospitalier en raison des multiples coupes budgétaires, il est évident que le service a ralenti », analyse le Dr Marco Macri, urgentiste dans un hôpital de la banlieue romaine.
Que faire ? Dans le nord de l’Italie, le centre régional de sécurité sociale de la Vénétie a eu une idée surprenante : pendant six mois, les médecins et les paramédicaux de nombreux établissements seront équipés de petits sifflets. Quelque 200 sifflets (et un mode d’emploi !) ont été distribués à la mi-mai. « Le sifflet sera utilisé en situation de danger pour attirer l’attention des collègues ou des autres personnes se trouvant à proximité du médecin ou de l’infirmier agressé qui pourront ainsi intervenir rapidement », explique sans rire Carlo Bramezza du centre de sécurité sociale de la région vénitienne.
Mais l'initiative ne plaît pas à tout le monde.  « En gros, il va falloir attendre de se faire tabasser avant de siffler », s’énerve le Dr Patrizia Russo, hématologue dans une clinique conventionnée située dans la ceinture de Rome. « Cette histoire de sifflet est ridicule, ajoute-t-elle. Un médecin ou un infirmier n’est jamais seul... Ce qu’il faut, c’est intervenir au niveau des effectifs et renforcer les contrôles dans les salles d’attente pour réduire les risques de tension. »
Ce n'est pas tout. Toujours dans le nord de l’Italie, un accord a été signé à Pordenone, entre l’Ordre régional des médecins et... l’association des chasseurs alpins qui devront protéger le personnel hospitalier. En parallèle, des cours d’auto-défense sont dispensés au personnel médical.

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