mercredi 20 juin 2018

Plus grande sensibilité psychologique et moindre résilience en cas de très petit poids de naissance

19/06/2018



Alors que la plasticité du neuro-développement apparaît comme une « composante-clef » de l’hypothèse des « origines développementales de la santé et de la maladie»[1], et que cette neuro-plasticité se révèle « maximale durant la vie intra-utérine », on peut logiquement supposer que des « conditions non-optimales » pendant la gestation (en particulier la grande prématurité) peuvent « affecter défavorablement » la maturation des processus neurologiques impliqués dans la régulation des émotions et dans la réponse au stress tout au long de l’existence. Comme cette période prénatale (et périnatale) s’avère donc décisive, avec l’émergence possible d’une « sensibilité exacerbée au stress », les enfants prématurés au poids de naissance particulièrement faible (moins de 1 kg) représentent « un modèle unique » pour les recherches sur les séquelles de conditions prénatales difficiles. 
Réalisée dans l’Ontario (Canada), une étude longitudinale compare, entre les âges de 8 et 26 ans, l’évolution de 142 sujets avec un poids de naissance très modeste et de 133 sujets nés avec un poids normal (et appariés au plan sociodémographique). Chez les sujets nés avec un très faible poids, les auteurs observent une « plus grande vulnérabilité » en matière de résistance aux stress et un « effet protecteur de facteurs de résilience moins marqué », comparativement au groupe avec un poids de naissance normal (Odds ratio 2,47 ; intervalle de confiance à 95 % 1,63–3,76). Face à cette plus grande sensibilité aux facteurs de risque psychopathologique et à cette résilience amoindrie, il faut donc développer « des stratégies d’intervention visant à prévenir ou à contenir l’exposition aux facteurs de risque » dans l’enfance et à l’adolescence, pour contrebalancer autant que possible cet effet préjudiciable de la grande prématurité sur le neuro-développement, dans le sillage d’un retard de poids marqué à la naissance.

[1] O’Donnell KJ et Meaney MJ : Fetal origins of mental health: the developmental origins of health and disease hypothesis. Am J Psychiatry 2017; 174: 319-328.

Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Van Lieshout RJ et coll.: Impact of extremely low-birth-weight status on risk and resilience for depression and anxiety in adulthood. The Journal of Child Psychology and Psychiatry, 2018; 59: 596–603.

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