mardi 12 juin 2018

Pénurie de gynécologues médicaux : Buzyn veut rattraper « vingt ans d'indigence »

Marie Foult
| 11.06.2018


« Ce n'est pas en une année que nous rattraperons vingt ans d'indigence. » Interrogée à l'Assemblée nationale par la députée du Val-de-Marne Maud Petit (MoDem) sur le sort de la gynécologie médicale, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a été claire : la route sera longue pour rattraper le retard démographique pris dans cette spécialité en berne.
Fermée en 1987 puis rouverte en 2003, la filière comptait 1 136 praticiens (libéraux et salariés) au 1er janvier 2017, « pour 28 millions de femmes en âge de consulter », a rappelé la députée centriste. En dix ans, 809 gynécologues ont cessé d'exercer, soit une baisse de 42 %, selon les chiffres de l'Ordre des médecins. 80 % des gynécologues médicaux exercent en ville.

« Dans six départements métropolitains, il n'y a aucun gynécologue médical, et en outre-mer, il n'y en a aucun à Mayotte, en Guyane, à Saint-Pierre-et-Miquelon ou à Wallis-et-Futuna, insiste Maud Petit. Sur le terrain, la pénurie se ressent : il faut des mois pour un rendez-vous, les consultations sont parfois éloignées du domicile, alors les femmes renoncent à se soigner. »
Surtout, la parlementaire estime que « les généralistes et les sages-femmes ne sont pas assez formés pour suppléer le gynécologue » et que le nombre de postes ouverts à l'internat est « insuffisant »« Pourquoi un tel choix ? Il faut des solutions urgentes pour augmenter le nombre de postes d'étudiants en gynécologie médicale. Faisons en sorte que le sort de cette spécialité ne devienne pas une inégalité de plus ! », a interpellé la députée du Val-de-Marne.
S'appuyer sur les généralistes et les sages-femmes
« Vous avez bien décrit la situation dont j'hérite aujourd'hui : 20 ans d'abandon d'une spécialité », lui a répondu la ministre de la Santé, assurant que le retard démographique était en train d'être rattrapé.
« La première brique, c'est de former plus de gynécologues médicaux, c'est ce que nous faisons avec la réforme du 3e cycle des études médicales, 70 postes ont été ouverts l'année dernière, nous allons augmenter progressivement », a promis Agnès Buzyn. Elle a cependant rappelé qu'il n'y avait pas assez de services hospitaliers dans les CHU pour augmenter « considérablement » le nombre d'internes.
« En attendant, il faut organiser les soins, j'ai donc demandé à chaque agence régionale de santé (ARS) d'organiser leurs projets de santé en fonction de l'offre de soins existante : certains suivis et actes peuvent être faits par les médecins généralistes, formés à faire un frottis, un dépistage du cancer du sein, de la même façon que les sages-femmes peuvent faire un frottis ou suivre des femmes sans pathologie », souligne la ministre, qui a assuré les députés de son « engagement » sur le sujet.

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