vendredi 29 juin 2018

Immersion : 5 jours dans une clinique psychiatrique

NEON

Repos au soleil dans le parc de la clinique, avec Nathalie, à gauche, et Mathilde, à droite. © Théophile Trossat pour NEON

Notre journaliste a passé cinq jours à la clinique du Dauphiné, près de Grenoble. Elle a partagé les repas des patients, leurs cigarettes, leur entrée et leur sortie. Plongée dans un milieu qui ne devrait pas faire peur.

L’admission


La pointe de son stylo encore mollement posée sur la case en bas à droite, le patient relève la tête vers Mélanie, responsable des admissions à la clinique psychiatrique. « Encore une petite signature ici, s’il vous plaît. » Les feuilles A4 s’enchaînent, les questions rituelles de l’employée avec elles : « Quel est le nom de votre médecin traitant ? Bénéficiez-vous d’un suivi psychiatrique à l’extérieur ? » Les yeux délavés de l’homme d’une cinquantaine d’années acquiescent. Son visage est dénué d’expressions, son dos, rond, ses lèvres, entrouvertes et pâles. Il a l’air absent, spectateur de sa propre admission. Il s’accroche à sa petite valise d’homme d’affaires en déplacement professionnel quand Mélanie lui annonce que quelqu’un va l’accompagner dans sa chambre. « On a beaucoup d’entrées aujourd’hui, me dit-elle en rangeant le dossier. Certains ont l’air soulagé, d’autres prennent ça comme un échec alors qu’en réalité, être admis ici, c’est se donner la chance d’aller mieux. »

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