vendredi 29 juin 2018

Comment notre cerveau décide-t-il de fuir en cas de menace ?

Par Donovan Thiebaud — 

Un cerveau humain représenté par ordinateur.
Un cerveau humain représenté par ordinateur. Photo Getty Images. Science Photo Libra

Une équipe de chercheurs vient d’identifier les mécanismes cérébraux impliqués lorsque nous décidons de prendre la fuite. Une première étape dans la compréhension de certains troubles comportementaux.


    Lorsque nous sommes face à une situation menaçante, notre premier réflexe est d’évaluer le danger puis de décider ou non de prendre la fuite. Mais comment notre cerveau prend-il cette décision ? Comment arrive-t-il à évaluer le niveau d’une menace ? Une équipe de chercheurs anglais est parvenue à répondre à ces questions. Publiés dans la revue Nature, leurs résultats pourraient être très utiles pour comprendre certains troubles du comportement humain.

    Qu’est-ce qu’on cherchait ?

    Certaines personnes atteintes de stress post-traumatique ou souffrant de phobie sociale se sentent menacées en toutes circonstances, comme si leur cerveau n’était pas capable d’évaluer si une situation est vraiment dangereuse et de prendre la bonne décision quant à une fuite. L’équipe de chercheurs a voulu comprendre les mécanismes cérébraux impliqués dans cette prise de décision afin d’identifier l’origine de ces troubles comportementaux et pouvoir, par la suite, proposer des traitements ciblés.
    Pour leur expérience, les neuroscientifiques ont effrayé des souris en simulant des ombres d’oiseaux prédateurs plus ou moins proches d’elles. Les chercheurs pouvaient ainsi observer leurs réactions selon le niveau de menace. Un microscope miniature était placé sur la tête de chaque souris. L’objectif de ce miniscope était inséré dans le cerveau de la souris permettant ainsi aux chercheurs d’observer directement l’activité cérébrale du rongeur.

    Qu’est-ce qu’on a trouvé ?

    Les chercheurs ont identifié deux régions, situées à la base du cerveau, ayant un rôle crucial dans la décision de prendre la fuite : le colliculus supérieur et la substance grise périaqueducale. Plus précisément, c’est la connexion entre ces deux régions qui va déclencher la fuite.
    Explication : un évènement menaçant est capté par l’œil. Les neurones de la rétine transfèrent l’information aux neurones du colliculus supérieur. Ces neurones font alors appel à leur propre mémoire et analysent la situation. Chez les souris, par exemple, ils analysent la forme de l’ombre et sa taille puis décident si elle est menaçante.
    Si la situation est dangereuse, l’activité neuronale dans le colliculus supérieur augmente. Passé un certain seuil d’activité, la connexion avec la substance grise périaqueducale s’établit et le cerveau prend alors la décision de fuir. En revanche, si l’activité n’est pas assez importante dans le colliculus supérieur, la connexion ne se fait pas et il n’y a pas de fuite.
    «On peut dire que les neurones du colliculus supérieur prennent la décision et que les neurones de la substance grise périaqueducale l’exécutent», résume Henrique Sequeira, professeur de neurosciences à l’université des sciences et technologies Lille 1.

    A quoi ça va servir ?

    Selon lui, l’identification et la compréhension de ce mécanisme constituent un grand pas en avant mais comprendre vraiment d’où viennent certains problèmes de comportement comme les troubles post-traumatiques nécessitera d’autres études. «Les régions primitives du cerveau comme le colliculus supérieur sont dépendantes de régions plus complexes, apparues plus tard dans notre évolution. Comprendre comment le colliculus supérieur est influencé par ces régions constitue peut-être la prochaine étape», conclut le professeur de neurosciences.


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