mardi 12 juin 2018

Comment les psy ont investi le pénal

Parallèlement à la pénalisation croissante des malades mentaux, on constate une extension du médico-psychologique au sein du champ pénal. Une évolution qui remet en cause l’éthique médicale, justifie une extension du filet pénal et entrave toute réflexion sur les déterminants sociaux à l’origine des passages à l’acte. Et qui légitime l’enfermement et, partant, l’institution carcérale elle-même.
Par Sébastien Saetta, sociologue, chargé de recherche au sein du programme de recherche COMET (APEMAC, Université de Lorraine) et de l’action Capdroits (Centre Max Weber) et membre du conseil d’administration de l’Observatoire international des prisons-section française.
Dossier Psychiatrie & Prison, 10/13.
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Parallèlement au phénomène de (sur)pénalisation des malades mentaux se produit une autre évolution : une extension du filet médico-psychologique visant à évaluer, repérer et soigner les auteurs d’infractions. Cela se traduit par l’entrée d’un nombre croissant de « psy » (psychologues, psychiatres, infirmiers psychiatriques ou autres spécialistes du psychisme) à différents niveaux de la chaîne pénale – voire en amont (1). Et par l’introduction progressive de mesures telles que l’incitation aux soins au cours de la détention, l’injonction de soins à la suite ou à la place d’une peine d’emprisonnement, ou la surveillance et la rétention de sûreté une fois la peine arrivée à son terme.

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