mardi 29 mai 2018

PACES : le calvaire de la « Première Année » filmé par le Dr Thomas Lilti

Sophie Martos
| 29.05.2018




Premiere Annee
Crédit Photo : Capture d'image de la BA.

« Tu connais la différence entre un étudiant en médecine et un étudiant en prépa ? Demande-leur d'apprendre le bottin par cœur. L'étudiant en prépa te demandera pourquoi ? Celui en médecine, pour quand ? »  Cette réplique tout droit sortie du nouveau long-métrage du Dr Thomas Lilti (en salles le 12 septembre) traduit bien la tonalité de la PACES. Reconverti en réalisateur, le Dr Lilti décrit dans « Première Année » le quotidien de deux étudiants en première année commune aux études de santé (PACES) qui souhaitent décrocher leur place en deuxième année de médecine.

Dans une ambiance estudiantine studieuse, Benjamin, incarné par William Lebghil, entame sa première année de PACES un peu au hasard et sans réelle vocation tandis qu'Antoine, interprété par Vincent Lacoste, enchaîne son troisième et dernier essai, ultra-motivé et passionné. Contrairement à ses deux films précédents, « Hippocrate » et « Médecin de campagne », « Première Année » n'évoque pas la pratique mais la violence et l'épreuve que sont les grands concours médicaux. Esprit de compétition, révision en bibliothèque universitaire (la « BU »), tutorat, fatigue, stress et solitude : tous les versants de cette première année sélective sont abordés.
Des machines à répondre aux questions
S'il n'est pas un documentaire, ce film traite avec justesse de l'inégalité du système éducatif. Benjamin, fils d'un médecin parisien réputé, vit dans une chambre étudiante à quelques pas de la fac. Antoine, lui, fait l'aller-retour, chaque jour entre la fac et le domicile de ses parents, situé en banlieue. Très vite, les deux jeunes hommes choisissent de réviser ensemble et deviennent un duo. Ils se soutiennent et tissent une belle amitié. Benjamin comprend rapidement les codes de cette année difficile : apprendre à apprendre, s'exercer sur des annales, ingurgiter des connaissances volumineuses et organiser son temps… La compétition va rattraper les deux jeunes hommes et tout détruire.
Le film suggère aussi à quel point la PACES est un dispositif à bout de souffle, où les étudiants doivent travailler toujours plus et bachoter à outrance pour réussir. Il montre les facultés ajuster les épreuves pour qu'elles soient toujours plus discriminantes.
Vivre, manger et penser PACES
Le film aborde enfin un autre côté sournois et impitoyable du concours : l'isolement et la quasi-inexistence de vie sociale. Toute l'année est réservée à la PACES, aux révisions et l'ombre de la sélection plane à chaque seconde. La vie étudiante telle qu'on l'imagine à 18 ans n'existe pas pour les carabins. Une scène en témoigne, lorsque les deux jeunes hommes révisent seuls tard au restaurant universitaire en schématisant une zone cérébrale dans de la… purée.

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