lundi 16 avril 2018

Des experts proposent 10 mesures contre l'alcoolisme, dont un prix plancher par unité d'alcool

Linda Sitruk
| 16.04.2018


Rayon alcool d'un supermarché
VOISIN/PHANIE

Après qu’Agnès Buzyn et Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture, ont rencontré jeudi dernier les professionnels de la viticulture afin de définir « un cadre de travail commun (…) à même d’améliorer la lutte contre les addictions », des médecins et des militants contre l'alcoolisme proposent 10 mesures pour protéger des risques de l’alcool.
Ces experts plaident aujourd’hui pour l'instauration d'un prix plancher par unité d'alcool, afin de décourager une consommation excessive.

Ils proposent "10 mesures efficaces", dont celle qui consisterait à « taxer l'alcool proportionnellement au contenu en grammes d'alcool et définir un prix minimum de vente par unité d'alcool », quelle que soit la boisson.
Leurs autres propositions visent à faire passer des messages de dangerosité de l'alcool.
« Indiquer sur les contenants la quantité en grammes d'alcool et de sucre, le nombre de calories de manière claire, lisible et contrastée », suggèrent-ils. Et encore de « faire figurer sur les contenants et sur toute publicité pour une boisson alcoolisée un pictogramme clair, visible et contrasté marquant la contre-indication de toute consommation aux femmes enceintes. »
« Interdire sur tout support toutes les mentions supplémentaires non légales du type "à consommer avec modération" » et « inscrire sur les contenants et sur toute publicité pour une boisson alcoolisée la mention "l'alcool est dangereux pour la santé" de manière claire, lisible et contrastée », ajoutent-ils. Une idée contre laquelle la ministre de la Santé s'était prononcée hostile à la fin mars, craignant que « cette phrase-là peut laisser penser qu'on est pour une action de prohibition, c'est-à-dire qu'on ne veut pas d'alcool du tout, or ce n'est pas le cas aujourd'hui ».
Les médecins de la tribune publiée aujourd’hui dénoncent « la désinformation soigneusement organisée par la filière alcool » et « la puissance de lobbying d'une industrie qui infiltre tous les niveaux de la société (...) jusqu'au plus haut niveau de l'État. »
Parmi les signataires figurent des addictologues, Amine Benyamina, Michel Reynaud et Nicolas Simon, des spécialistes de santé publique, - Bernard Basset, Gérard Dubois, Philippe Ravaud -, des pneumologues, - Irène Frachon et Albert Hirsch-, l'épidémiologiste Catherine Hill, le nutritionniste Serge Hercberg, le diabétologue André Grimaldi, l’ancien président de l’Inca, Dominique Maraninchi ou le professeur de cardiologie, Daniel Thomas. Certains d'entre eux avaient déjà interpellé début mars le président de la République Emmanuel Macron qui avait confié boire « du vin le midi et le soir » et assuré que la loi ne serait pas durcie sous son mandat.

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