mercredi 25 avril 2018

Aux urgences, trois réunions de dix minutes par jour réduiraient de 40 % le taux d'erreurs médicales

Elsa Bellanger
| 24.04.2018




URGENCES
Crédit Photo : S. Toubon

De simples échanges réguliers entre médecins autour des cas des patients pris en charge aux urgences permettraient de réduire de 40 % le taux d’erreur médicale. Telle est la conclusion d’une étude menée en France dans six services d’accueil des urgences*.

L'étude CHARMED (pour cross-checking to reduce adverse events resulting from medical errors in the emergency department, soit la vérification croisée pour réduire les effets indésirables résultant d’erreurs médicales dans les services d’urgences) a mesuré l’impact des vérifications croisées régulières et systématiques au cours desquelles les médecins se retrouvent « trois fois par jour, pendant une dizaine de minutes, deux par deux, pour un échange sur l’état de santé et la prise en charge de leurs patients » précise l’AP-HP, qui a lancé cette étude.
Vers une systématisation à l'AP-HP 
Sur deux périodes de dix jours, 1 680 dossiers de patients pris en charge ont été tirés au sort et analysés. Sur le groupe de contrôle, 10,7 % d’erreurs (soit 90 erreurs pour 840 dossiers) ont été constatées. Il s’agit d’un taux proche de celui observé lors d’une étude menée en 2013 (10 %). Dans le groupe où des vérifications croisées régulières ont été réalisées, ce taux se réduit à 6,4 % (soit 54 pour 840 cas).
Publiée dans la revue JAMA Internal Medicine (sur abonnement) du 23 avril, l’étude met ainsi en évidence une réduction de 40 % du taux d'erreurs médicales par les vérifications croisées, et plus précisément une diminution de 47 % des erreurs sans gravité (qui représentent 55 % des erreurs médicales) et de 29 % des événements indésirables graves, dont un tiers conduit à des dommages définitifs.
Face à ces résultats, l’AP-HP compte systématiser cette pratique, déjà mise en œuvre dans quelques services d’urgences. « Ce n’est pas facile à faire, mais c’est indispensable parce que ça fait du bien aux personnels mais surtout du bien aux malades » a jugé, ce matin, au micro de France Inter, Martin Hirsch, directeur général de l’AP-HP. « Il faut qu’on soit capable de réorganiser ces temps collectifs. Tout le sujet, compliqué mais auquel on s’attaque, c’est de pouvoir débarrasser les médecins des temps inutiles […] pour qu’il y ait plus de temps pour les malades et plus de temps pour le travail collectif. »
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.@MartinHirsch : "Il faut qu'on soit capable de retrouver ce temps collectif où l'on discute des patients entre professionnels"
Le Dr Yonathan Freund, du service d’accueil des urgences de la Pitié-Salpêtrière (AP-HP), a coordonné l'étude CHARMED. Le médecin a constaté quelques réticences chez les urgentistes au départ de l’étude : « certains urgentistes se demandent s’ils auront le temps. Mais une fois mises en place, les médecins apprécient ces réunions car ils se rendent compte qu’elles améliorent la gestion des urgences, plus efficaces et productives », a-t-il expliqué à l’AFP.
* L’AP-HP (Avicenne, Lariboisière, Hôpital européen Georges-Pompidou, Saint-Antoine et Tenon) et le CHU de Grenoble, avec l’aide de la plateforme de recherche clinique des Hôpitaux universitaires de l’Est parisien (AP-HP).

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