jeudi 5 avril 2018

Angers. Des défenseurs de la psychiatrie institutionnelle témoignent

05/04/2018


De gauche à droite : Madeleine Alapetite, présidente de la Fiac (fédération interassociations culturelles), ex-cadre de santé, et Lucie Lacroix, présidente de l’association culturelle en santé mental
De gauche à droite : Madeleine Alapetite, présidente de la Fiac (fédération interassociations culturelles), ex-cadre de santé, et Lucie Lacroix, présidente de l’association culturelle en santé mental | Ouest-France


Samedi, à l'occasion de la 32e journée nationale de la psychothérapie institutionnelle qui se tiendra à l'université catholique de l'Ouest d'Angers, les professionnels, éducateurs, infirmiers, psychologues, se pencheront sur la question des pratiques de secteur en psychiatrie.
« Il y a beaucoup de patients qui survivent seuls au fin fond de leurs appartements. » Le constat dressé par Lucie Lacroix, infirmière au centre de santé mentale (Cesame), est alarmant. En compagnie de Madeleine Alapetite, ancienne cadre de santé au pôle de psychiatrie infanto-juvénile, elles enfoncent le clou, face au plan d’économie et la réduction de postes au Cesame : « Les équipes se retrouvent avec trop de patients à gérer. Nous ne sommes pas assez en nombre pour apaiser les tensions. » Avant de lâcher, lapidaire : « Familles, patients, soignants… Personne n’est satisfait. »

Des pratiques de secteur

L’occasion leur sera donnée, samedi, dans le cadre de la 32e journée nationale de psychothérapie institutionnelle (1), de poursuivre la réflexion sur les pratiques de secteur en psychiatrie. Ou de tenter d’établir un état des lieux dans le sanitaire et la médico-social.« À l’heure actuelle, la psychothérapie institutionnelle, la psychanalyse, le transfert, etc., ne sont plus forcément dans l’air du temps, semble déplorer Lucie Lacroix. Au contraire de la réhabilitation psychosociale, la biologie, des protocoles ou de réponses standardisées au patient. » Autre grief, celui d’une hiérarchie qu’elle présente comme de plus en plus verticale au sein de l’institution.

Des « outils de soin »

Forte de 35 adhérents angevins, l’association culturelle en santé mentale défend, elle, la psychiatrie de secteur qui propose des « lieux d’accueil pour la folie » (sous forme de clubs ou de groupes d’entraide). Autant d’endroits, « d’outils de soin », où l’on essaie de redonner au patient la possibilité d’être acteur. « Dans les années 70, la mise en place des secteurs a permis de sortir de l’asile, de travailler sur la mixité par exemple », se souvient Madeleine Alapetite.

À l’époque, certains patients se trouvaient internés sans que l’on ne se rappelle vraiment pourquoi, ni depuis combien de temps, poursuit-elle. « On avait un diplôme d’infirmier de secteur. Mais, en 1992, il a été supprimé. » Selon elles, le vent semble désormais avoir tourné. « Dans le médico-social, c’est le même phénomène. Certains sujets se retrouvent en grande souffrance, assurent-elles. Il faut obligatoirement passer du temps avec le patient. La chambre d’isolement n’est pas une solution, seulement une aide ponctuelle. » Quant au recours au traitement biologique, depuis l’apparition du premier neuroleptique aux débuts des années 50, « il ne traite qu’un trouble, pas une pathologie ».
1 : samedi 7 avril, journée nationale de psychothérapie institutionnelle, organisée par la Fédération interassociations culturelles, à l’Université catholique de l’ouest, au 3, rue Rabelais. À partir de 8 h 30. Inscriptions auprès l’association culturelle en santé mentale d’Angers, https ://acsm-angers.fr/

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