jeudi 8 mars 2018

Trois CPAM testent le remboursement de la psychothérapie prescrite par le médecin traitant

Camille Roux
| 07.03.2018


Ce mois-ci, trois caisses (Bouches-du-Rhône, Morbihan et Haute-Garonne) ont lancé une expérimentation de prise en charge de la psychothérapie par l'Assurance maladie. Par l'intermédiaire d'une convention avec leur CPAM, les psychologues libéraux intéressés pourraient voir leurs consultations remboursées à 100 % si les patients sont adressés par leur médecin traitant. Cette expérimentation est prévue pour trois ans, en parallèle d'expérimentations similaires déjà en cours auprès d'adolescents en souffrance.
 Si l'Assurance maladie, contactée par Le Généraliste, ne souhaite pas encore communiquer sur ces expériences, le quotidien breton Le Télégramme a dévoilé le mois dernier les conditions relatives à la CPAM du Morbihan. Les patients âgés de 18 à 60 ans sans conditions de ressources seraient concernés par le dispositif. Adressés par le médecin traitant auprès d'un psychologue privé, les patients vont pouvoir bénéficier d'une première séance d'évaluation de 45 minutes à 32 € puis jusqu'à 20 séances d'accompagnement de 30 minutes cotées 22 €.
Le but de ce dispositif est de réduire les dépenses de santé de la Sécu en matière de souffrances psychiques et de faire baisser les arrêts de travail et la consommation d'anxiolytiques et d'antidépresseurs. Une démarche d'autant plus pertinente qu'une étude de l'American psychological association révélait-il y a un an que les personnes souffrant de troubles mentaux refusent davantage les traitements médicamenteux par rapport à une psychothérapie. 
Des tarifs pas à la hauteur des attentes, le SNJMG veut aller plus loin
Du côté des psychologues libéraux, l'enthousiasme n'est pas là. Dans le Morbihan, les psychologues seraient encore « très peu » à avoir signé une convention avec leur caisse. Et pour cause, alors que le tarif moyen d'une thérapie d'une heure est de 45 à 50 €, le tarif proposé par l'Assurance maladie (22 € pour trente minutes) semble peu attractif. Et c'est sans compter sur les documents administratifs supplémentaires que cela engendre. Le fait que le médecin généraliste doive « prescrire ces séances » est aussi un obstacle pour les psychologues. « Le médecin nous prescrit comme si nous étions un médicament. Je ne comprends pas pourquoi on ne nous laisse pas évaluer le besoin des patients, c’est notre métier ! Il suffirait de nous les adresser et nous nous ferions rembourser en remplissant une feuille de soins », souligne une psychologue contactée par le Télégramme.
Le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG)  a réagi ce matin au lancement de ces expérimentations en saluant la prise en charge de la psychothérapie par l'Assurance maladie mais il dénonce un dispositif « petits bras ». Le syndicat se désole de la restriction d'âge et d'un financement peu attractif, à la fois pour les psychologues et pour les généralistes, dont « la rémunération n'est pas précisée par l'Assurance maladie ». Le syndicat du Dr Sayaka Oguchi demande à la CNAM de revoir les modalités de l'expérimentation et de rendre publics les résultats de celle-ci afin qu'elle ne « reste pas sans lendemain ».

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