samedi 31 mars 2018

Plus de mariages, mais aussi plus de divorces après chirurgie de l'obésité

| 30.03.2018


Existe-t-il un lien entre chirurgie bariatrique et relation amoureuse ? Il semblerait que oui, selon une étude suédoise, puisque ce type de chirurgie est associée à une augmentation des séparations chez les personnes en couple et des nouvelles relations chez les célibataires. Les résultats ont été publiés dans « JAMA Surgery ».
Si les effets positifs de la chirurgie bariatrique en termes de morbidité et de qualité de vie sont relativement connus, l'impact sur le statut relationnel l'est moins. Des chercheurs l'ont étudié à travers deux cohortes.

Deux cohortes avec un suivi à long terme
La première, SOS (Swedish Obese Subjects) Study, a inclus 1 958 patients ayant bénéficié d'une chirurgie de l'obésité (anneau gastrique, gastroplastie verticale calibrée ou bypass gastrique) et 1 912 patients obèses « contrôle » ayant reçu des soins non chirurgicaux. Un suivi médian de 10 ans (0,5-20 ans) a été effectué sur la période 1987-2001. À l'inclusion, 74,2 % de l'ensemble de ces patients étaient mariés ou en couple (informations obtenues via un questionnaire).
Dans la seconde cohorte, 29 234 patients ont été inclus SOReg (Scandinavian Obesity Surgery Registry). Tous ont bénéficié d'un bypass gastrique. Parmi eux, 42,9 % étaient mariés à l'inclusion (données issues du Swedish Total Population Registry ne prenant pas en compte le concubinage). Les patients de cette cohorte ont été comparés à 283 748 personnes de la population générale, avec un suivi médian de 2,9 ans (0,003-7 ans), de 2007 à 2012.
À noter que chacun des groupes comprenait plus de 70 % de femmes.
Le statut relationnel influencé par la chirurgie
Les mêmes constats ont été faits pour les deux cohortes. D'un côté, chez les personnes célibataires ou non mariées, l'opération est associée à de plus grandes chances d'être marié ou en couple en comparaison aux patients obèses « contrôle » ou à la population générale. En effet, 4 ans après la chirurgie, l'incidence des mariages/nouvelles relations était de 20,9 % chez les patients opérés contre 11,2 % chez les patients « contrôle » dans la cohorte SOS Study et l'incidence des mariages était de 14,6 % dans la cohorte SOReg contre 11,8 % pour la population générale. Selon les auteurs, ces résultats sont cohérents « avec de précédentes études montrant que la chirurgie bariatrique est associée à une qualité de vie accrue, des changements positifs dans la vie sociale et un intérêt accru pour les rencontres ».
De l'autre, le nombre de séparations/divorces a augmenté après chirurgie bariatrique. Dans SOS Study, 4 ans après la chirurgie, l'incidence des séparations/divorces était de 9,4 % chez les patients opérés contre 5,5 % dans le groupe contrôle. L'incidence des divorces à 4 ans était de 14,4 % chez les patients ayant eu un bypass (cohorte SOReg) contre 8,2 % dans la population générale. Pour les auteurs, « la séparation après une chirurgie bariatrique ne doit pas seulement être interprétée comme un effet indésirable ». En effet, ils estiment que cela peut aussi refléter « des améliorations physiques et psychologiques [qui] peuvent donner aux patients dans des relations malsaines la confiance et l'estime de soi pour mettre fin à ces relations ».
Par ailleurs, les changements de statut relationnel sont plus fréquents chez les personnes opérées ayant une perte de poids plus importante.
« Notre étude ne comprend que les personnes vivant en Suède, et nous ne savons pas si les résultats peuvent être généralisés à d'autres pays et cultures », précisent les auteurs.

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