vendredi 16 mars 2018

Force de la poignée de main : un marqueur potentiel cardiovasculaire, selon une étude

Charlène Catalifaud
| 15.03.2018




Poignée de main
Crédit Photo : Phanie

Une force de préhension élevée serait associée à une morphologie cardiaque indicative d'un faible risque cardiovasculaire, suggère une étude britannique publiée dans « Plos One ».
De précédentes études ont montré un lien entre force de préhension de la main (reflet de la masse musculaire) et incidence des maladies cardiovasculaires : plus la force est élevée, moins le risque d'accidents cardiaques est important. « Ce qu'il y a de nouveau sur le plan scientifique avec cette étude, c'est que la morphologie cardiaque a été étudiée », indique au « Quotidien » le Pr François Carré, cardiologue à l'hôpital Pontchaillou de Rennes, en commentaire de l'étude.

L'étude a inclus 4 654 patients adultes (âge moyen de 55,8 ans), ne présentant pas d'antécédents cardiovasculaires. Ils sont issus de l'étude UK Biobank. La structure et la fonction cardiaque ont été étudiées par IRM cardiaque et la force de préhension de la main a été mesurée à l'aide d'un dynamomètre.
Des marqueurs différents selon l'âge
Après ajustement selon différents paramètres, un niveau élevé de la force de préhension est associé à un volume élevé en fin de diastole du ventricule gauche (VG) et à un volume d'éjection systolique du VG élevé. Une association négative est par ailleurs montrée avec la masse du VG et le ratio masse-volume du VG.
Différentes tendances ont été constatées selon l'âge. Ainsi, le lien avec le volume en fin de diastole du VG et le volume d'éjection systolique du VG est plus fort chez les sujets les plus jeunes, alors que l'association avec la masse du VG et le ratio masse-volume du VG était plus forte chez les plus âgés. « Ceci est cohérent avec le fait qu'un cœur en bonne santé est un cœur avec des parois peu épaisses et un diamètre du VG pas trop petit, ainsi que le fait qu'en vieillissant, les parois s'épaississent et les diamètres diminuent. Il y a donc différents marqueurs en fonction de l'âge : le diamètre pour les plus jeunes et la masse ventriculaire pour les personnes âgées », précise le Pr Carré.
« Une adaptation du cœur semblable à celle d'individus avec une bonne capacité »
Ces résultats suggèrent qu'une meilleure force de préhension est liée à une diminution de l'hypertrophie et du remodelage cardiaques. « Ces caractéristiques sont connues pour être négativement associées à l'incidence des maladies cardiovasculaires », explique les auteurs. « On retrouve en effet chez les individus ayant une force de préhension élevée le même type d'adaptation cardiaque que l'on observe chez des individus qui ont une bonne capacité physique mesurée sur vélo, etc. », explique le Pr Carré.
Il souligne que « la relation entre force de préhension et diamètre du VG et épaisseur des parois est indépendante des autres facteurs de risque ».
« Cette étude n'est pas révolutionnaire, car nous connaissions le lien entre force de préhension élevée et bon pronostic, mais elle apporte des marqueurs cardiologiques que nous n'avions pas avant. Ainsi, par un examen simple – le recours au dynamomètre –, nous pouvons estimer le risque cardiovasculaire d'une personne et la guider sur un changement de mode de vie », conclut le Pr François Carré.

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