Loan Ego 03/03/2018
Le 15 mars, les employés des Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) manifesteront leur ras-le-bol pour la deuxième fois de l’année.
Des sous-effectifs chroniques épuisent les soignants, soutenus par leurs directeurs. Quant aux résidents, ils peuvent mourir d’un manque de vigilance médicale. Avec le vieillissement de la population, 2 millions de Français seront concernés en 2025. Qu’ils soient commerciaux, publics ou privés-associatifs, impossible de juger de leur qualité, vu de l’extérieur. Voici le témoignage accablant de Valérie.
Valérie, fille de Marie, 86 ans: “On me refuse son dossier médical, je dérange ”
« Une maison de retraite haut de gamme, m’avait-on assuré par téléphone, votre parent y sera en sécurité. » Les prix, qui frisent ceux de l’hôtellerie de luxe – 4 300 euros mensuels – cachent en réalité des prestations médicales dignes du hard-discount. Par exemple : lorsqu’un soir ma mère a chuté, l’infirmier l’a recouchée. Elle se plaignait de douleurs intenses, mais elle ne sera envoyée aux urgences que le lendemain matin. Rien de grave, m’assure-t-on. En réalité, le col du fémur est fracturé.
Ma mère est souffrante et si je ne donne pas l’alerte, elle n’est pas conduite aux urgences
Quelques mois plus tard, elle perdra toute autonomie. “Grabataire”, conclura l’hôpital. Aucun des infirmiers ne détectera la grande faiblesse de ma mère, tour à tour incapable de s’alimenter, de s’exprimer, constipée, incohérente et parfois démente, atteinte d’infections pulmonaires et urinaires à répétition, son visage cadavérique, son corps secoué de tremblements, victime d’une septicémie jusqu’à ce que son pronostic vital soit engagé en août dernier. Le même scénario se répète inlassablement : ma mère est souffrante et si je ne donne pas l’alerte, elle n’est pas conduite aux urgences. Je dérange. Longtemps, son dossier médical m’est refusé. L’Ehpad ne m’a jamais donné accès à la copie de ses ordonnances, ni ses analyses de sang, ni ses bilans urinaires, ni ses comptes rendus de sortie d’hôpital, ni ses radiographies… Elle-même n’y a jamais eu accès ! C’est pourtant une obligation légale.
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