vendredi 23 février 2018

Spécialisation des médecins et polypathologies des patients

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  • Serge Cannasse
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  •  Univadis Actualités Médicales
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D’après une étude écossaise, la proportion de patients ayant au moins deux pathologies associées s’élève à environ 50% à l’âge de 60 ans et à 80% à l’âge de 80 ans. À cet âge, seuls 10% des patients n’ont aucune maladie, alors que 40% d’entre eux en ont au moins quatre et 15% au moins six. Aux États-Unis, du seul point de vue économique, les patients ayant au moins deux affections représentent les trois quarts des coûts du système de soins américain et 93 % des dépenses de Medicare, le régime santé des personnes âgées. Les données manquent pour la France, mais elles sont vraisemblablement comparables.

Pourtant, remarque le Dr Richard Smith, ancien rédacteur en chef du British Medical Journal , tout le système de soins repose sur un modèle donnant la primauté à la prise en charge d’une maladie et d’une seule, depuis la formation des futurs médecins jusqu’à l’organisation des soins, en passant par la structure des essais cliniques. Les médecins eux-mêmes abondent dans ce sens : la médecine générale est de moins en moins choisie par les étudiants et les autres poussent la spécialisation jusqu’à l’expertise dans un sous-domaine du domaine. Richard Smith donne deux exemples personnels. Un moment rédacteur en chef du British Journal of Ophtalmology , sa surprise fut grande de constater que le journal avait un rédacteur spécialisé dans chaque tunique de l’œil ! Et quand il a demandé à un orthopédiste pourquoi il ne lisait jamais le BMJ, la réponse a été on ne peut plus claire : « Aucun intérêt, je suis spécialisé dans l’épaule, le reste ne m’intéresse pas. »


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