lundi 5 février 2018

Plus de 80% des hospitaliers se sentent utiles mais peu reconnus dans leur travail

Les hospitaliers, soignants ou non, sont satisfaits de leur profession et se sentent utiles. Pourtant, près de 80% d'entre eux confient ne pas se sentir reconnus à leur juste valeur. C'est ce que dévoile une enquête publiée ce jour par Odoxa et la Mutuelle nationale des hospitaliers.
Une bonne image auprès des patients mais des inquiétudes fortes et un état de stress préoccupant. Tels sont les enseignements d'une enquête dévoilée ce 6 janvier par Odoxa et la Mutuelle nationale des Hospitaliers (MNH)* et publiée en partenariat avec le Figaro Santé et France Inter. Pour la première fois, au Carnet de santé des Français s'ajoute celui des "hospitaliers". Il permet de mesurer l'état de santé de ces personnels, physique ou mentale, et fournit aussi des données concernant leur état de satisfaction et de stress au travail.

Méthodologie

L'enquête a été réalisée auprès d'un échantillon de Français interrogés par Internet les 13 et 14 décembre 2017 et auprès d'un échantillon d'adhérents de la MNH du 11 au 13 décembre. Soit en tout 2 516 personnes représentatives de la population française âgée de plus de 18 ans.

Cette enquête démontre que les personnels hospitaliers — quelque soit leur métier — bénéficient d'une "excellente image" auprès des patients, avec un taux de satisfaction moyen de 86%. Il grimpe à 90% pour les infirmiers et 91% pour les aides-soignants. Autre réalité mise en lumière : ces professionnels ont eux-mêmes conscience d'être aimés, même s'ils ont tendance à sous-estimer légèrement le taux de satisfaction des patients. 88% des infirmiers pensent par exemple que les patients sont satisfaits ou très satisfaits et 84% des aides-soignants. Sont-ils eux mêmes satisfaits de leur travail ? 64% estiment que "oui". Un chiffre nettement supérieur chez les personnels "non soignants", puisqu'il grimpe à 74%. Plus d'un sur trois, soit 36%, se déclare tout de même insatisfaits à l'égard de son travail.

Si les personnels hospitaliers sont satisfaits de leur travail, les résultats cachent toutefois des disparités.
Si les personnels hospitaliers sont satisfaits de leur travail, les résultats cachent toutefois des disparités.


Il convient donc de relativiser ces chiffres, souligne l'enquête. D'abord, parce qu'il existe de grandes disparités de perception entre les professions (voir le tableau ci-dessus). Ensuite, parce que "le niveau global de satisfaction observé parmi l'ensemble des personnels hospitaliers n'est pas si élevé comparé à la population générale, dont la satisfaction au travail se situe 15 points au-dessus de ce niveau", commente le Dr Philippe Denormandie, directeur des relations santé MNH Group. Car, au-delà des taux de satisfaction, l'étude dévoile aussi des difficultés au travail. Si 87% des personnels hospitaliers sondés confient avoir le sentiment de faire un travail utile, ils sont seulement 21% à estimer que ce travail "est reconnu à sa juste valeur" et 33% à considérer avoir suffisamment de temps pour accomplir ce travail. Il sont aussi 57% à confier ne pas avoir de pause dans la journée. Ce qui "génère une forte dose de stress et donc constitue un risque non négligeable en termes de risques psycho-sociaux", souligne Philippe Denormandie. 

Des difficultés dont les patients ont d'ailleurs conscience : 77% des Français interrogés sont convaincus que "depuis ces dernières années, les choses ont plutôt tendance à se dégrader", s'agissant du temps dont disposent les infirmiers et aides-soignants pour écouter leurs patients, s'occuper d'eux et faire de la prévention.

Santé et automédication

Un tiers des personnels hospitaliers, soit 32%, a été affecté par un problème de santé cet hiver, soit 12 points de plus que le niveau observé en population générale, sur la période novembre-décembre 2017. "C'est le signe, évidemment, un niveau d'exposition aux risques d'affection largement accru parmi ces professionnels que dans la population générale", commente la MNH. Seul la moitié déclare pourtant être allée voir son médecin traitant ou un généraliste et 17% un spécialiste. 10% se sont soignés eux-mêmes sans consulter.
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Si les personnels hospitaliers sont satisfaits de leur travail, les résultats cachent toutefois des disparités.
Clémence Nayrac

* Hospimedia appartient à MNH Group depuis septembre 2016.
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