jeudi 15 février 2018

« On entre dans un cercle de maltraitance involontaire » : à Lyon, les urgences de l’hôpital Edouard-Herriot reconduisent leur grève

Anne-Gaëlle Moulun
| 14.02.2018



hôpital Edouard-Herriot

En grève « illimitée » depuis le 2 février, les personnels paramédicaux des urgences de l’hôpital Edouard-Herriot à Lyon (HCL) ont reconduit leur mouvement à l’issue d’une assemblée générale, mardi 13 février.
Une cinquantaine de personnes étaient présentes à cette AG pour décider de la poursuite du conflit entamé début février aux pavillons A (urgences traumatiques) et N (urgences médicales et psychiatriques) afin de réclamer davantage de moyens humains et matériels. À l’issue de 3 heures de discussions, les personnels ont voté la poursuite du mouvement de grève, estimant que les propositions de la direction étaient insuffisantes.
Des aides-soignantes qui font office de brancardiers
Les personnels réclament notamment cinq postes de brancardiers et deux d’aides-soignantes. « Nous avons un manque d’effectifs en brancardiers, qui se répercute sur toute la chaîne de soins, se désole Sarah, infirmière aux urgences. Au pavillon N, nous n’avons des brancardiers que la journée en semaine et au pavillon A, ils en ont du lundi au dimanche, mais pas la nuit ! Quand nous n’avons plus de brancardiers, ce sont les aides-soignantes qui s’occupent d’emmener les patients et, pendant ce temps, elles ne peuvent plus faire les soins de nursing, qui sont reportés sur les infirmiers. La nuit, sur 12 heures de garde, il arrive qu’un aide-soignant soit absent pendant 6 heures ! On se retrouve à laisser une personne âgée pendant 2 heures dans ses protections souillées car il faut être deux pour la changer ! » 
« On met plus de temps à répondre à une sonnette et on ne peut plus faire correctement les soins de nursing », déplore Gaël, aide-soignant en post-urgence. On rentre dans un cercle de maltraitance involontaire », dénonce-t-il.
La direction des Hospices civils de Lyon (HCL) a certes proposé la création de deux postes de brancardiers, chiffre jugé insuffisant par les personnels. « On nous propose la présence d’un brancardier le week-end en journée au pavillon N et un autre à partager la nuit avec le pavillon A. Ce n’est pas assez », juge Sarah.
Du linge qui fait défaut
À l’accueil des urgences, c’est un aide-soignant qui régule les passages et assure un pré-tri des patients en journée. Mais à partir de 19h, c’est un étudiant infirmier qui prend le relais jusqu’à minuit... Et après minuit, il n’y a plus personne, c’est donc une infirmière qui s’en charge. Les personnels réclament des aides-soignantes 24 heures sur 24 à l’accueil des urgences. Pour l’instant, la direction propose d’augmenter la présence de l’étudiant infirmier, une proposition jugée là encore insuffisante.
La gestion du linge est un autre gros point noir dans tous les services. « Nous sommes obligés de laver nos tenues chez nous car elles ne reviennent pas de la lingerie, raconte Gaël. Nous manquons de draps pour les patients, nous sommes obligés de les nettoyer avec du papier absorbant. Dernièrement, nous avons passé deux semaines sans gants de toilettes, nous devions laver les patients avec des chiffonnettes. »
Les personnels paramédicaux espèrent se faire entendre en poursuivant leur mouvement. « En pratique, ils sont assignés, donc les urgences tournent normalement », précise le Dr Marie-Laure Souquet, responsable des urgences médicales. « Les médecins ne sont pas grévistes, mais nous sommes solidaires de leurs revendications », déclare-t-elle. Prochaine action prévue le mardi 20 février, avec un rassemblement devant la direction des HCL.

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