mardi 6 février 2018

Journée mondiale de lutte contre l’excision : la France n'est pas épargnée

Benoît Thelliez
| 06.02.2018
Pour la deuxième année consécutive, l’association « Excision, parlons-en ! » alerte et conseille les adolescentes qui ont un risque d’être victimes de cette mutilation sexuelle.
Si l’excision, encore pratiquée dans 29 pays dans le monde, concerne principalement l’Afrique et le Moyen-Orient, de nombreuses jeunes filles vivant en France sont également menacées. Marion Schaefer, déléguée générale de l’association « Excision, parlons-en ! », rappelle en effet que, dans l’Hexagone, « trois adolescentes sur dix dont les parents sont issus d’un pays pratiquant l’excision courent un risque ». C’est principalement entre l’âge 12 et 18 ans et à l’occasion d’un voyage dans le pays d’origine de leur famille que certaines d’entre elles sont le plus exposées. On estime qu’environ 60 000 femmes présentes en France vivent avec cette mutilation et que leur nombre avoisinerait le demi-million dans toute l’Europe. Dans le monde, l’UNICEF avance le chiffre de 200 millions de femmes à qui l’on a fait subir une mutilation sexuelle et celui de 3 millions de nouvelles victimes chaque année.

Informer, conseiller et soutenir
Dans la lignée de la campagne menée en 2017, le site www.alerte-excision.org permet aux adolescentes qui pensent qu’elles sont directement concernées ou qui ont des craintes pour une proche de mieux comprendre de quoi il s’agit, d’évaluer à quel point elles sont à risque et de trouver toutes les adresses et numéros utiles qui pourront les aider le cas échéant. Des affiches principalement destinées aux établissements scolaires et une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux complètent un dispositif qui s’est enrichi cette année d’un tchat anonyme et sécurisé ouvert 3 jours par semaine et encadré par des personnels spécialement formés.
Présente à la conférence de lancement de la campagne 2018, Marlène Schiappa, la secrétaire d’Etat à l’Egalité femmes-hommes a rappelé la position officielle de la France sur cette question : « Aucune coutume, aucune tradition, aucun relativisme culturel ne peut justifier l’excision des petites filles ou des femmes. »

Avec @Innamodja & Dr Ghana Hatem pour soutenir le lancement de contre l’excision @excisionparlons
Aucune coutume, aucune tradition, aucun relativisme ne peut justifier l’excision des petites filles ou des femmes.


Le 25 novembre dernier, en décrétant l'égalité femmes-hommes « Grande cause du quinquennat », Emmanuel Macron avait évoqué l'excision, promettant de « traquer partout ceux qui pratiquent cette barbarie ». Outre des condamnations pouvant aller jusqu’à trente mois d’emprisonnement pour les auteurs de tels actes, le système pénal français condamne également, depuis 2013, le fait d’inciter quelqu’un à se faire exciser ou à pratiquer l’excision sur une tierce personne d’une peine de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 euros d’amende. La victime peut porter plainte jusqu’à vingt ans après sa majorité, soit jusqu’à l’âge de 38 ans.

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