samedi 6 janvier 2018

Rouen : chaque année plus de 1 000 patients hospitalisés contre leur volonté

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Benoît MARIN-CURTOUD

Publié 05/01/2018

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Les malades les plus dangereux, que ce soit 
pour eux-mêmes ou pour autrui, sont enfermés 
au sein de l’unité pour malades difficiles
Depuis août 2011, la justice exerce un contrôle renforcé sur les conditions de détention - il faut bien appeler les choses par leur nom - des personnes hospitalisées contre leur gré en raison de troubles psychiatriques. Tout récemment, le film Douze jours, de Raymond Depardon, a jeté une lumière crue sur les drames domestiques et intimes de ces hommes et femmes qui, au terme de douze jours d’hospitalisation (qu’elle ait été demandée par un tiers ou ordonnée par le préfet), passent obligatoirement devant le juge des libertés et de la détention (JLD).
Étrange sentiment dans une pièce anonyme aux murs blancs et mauves, au lino « vintage » et très hospitalier à Saint-Étienne-du-Rouvray. C’est la justice sans trop de cérémonial qui s’invite à l’hôpital. Une simple table un peu large, quelques chaises disposées contre un mur, un magistrat et son greffier, une avocate commise d’office, en robe, qui enchaîne les dossiers et les demandes d’aides juridictionnelles. Et surtout pas l’odeur familière et un peu écœurante d’un établissement de soins plus « classique ».
C’est ici, dans le bureau du JLD que les accidentés de la vie psychique comparaissent. Ils voudraient tous la mainlevée d’une hospitalisation qu’ils n’ont pas voulue.
Premier cas : un étudiant en première année de BTS, hospitalisé pour la première fois à la demande de sa mère qui l’accompagne. La tension entre les deux est certaine. Le grand adolescent, dépendant au cannabis mais qui a brutalement cessé sa consommation, a été retrouvé par son CPE dans un grand état d’agitation. L’enseignant a prévenu la famille.
- « Mon rôle est de vérifier que vous êtes bien là pour des motifs médicaux, de voir si la procédure a été régulière », commence la juge qui feuillette les expertises médicales. En procédure d’urgence, un seul certificat médical est requis, il peut être rédigé par un médecin de l’établissement tandis qu’en procédure classique, deux certificats dont un établi par un médecin n’exerçant pas dans l’hôpital, sont nécessaires. Un autre certificat doit être dressé 72 heures après. « Les médecins parlent de délire de persécution, de délire d’interprétation. Ils estiment qu’il vaudrait mieux que vous restiez un peu plus longtemps. »
- « Je ne suis pas cinglé, je ne délire pas du tout. »

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