mardi 23 janvier 2018

Les chercheurs en sciences du cerveau s’opposent à l’élargissement de la définition d’étude clinique par les NIH

Isabelle Trocheris
| 22.01.2018


Le 25 janvier, de nouvelles règles concernant les études cliniques vont être mises en place, adoptées par les instituts nationaux de la santé américains (NIH), qui représentent la source principale de financement de la recherche publique aux États-Unis.
Le concept lui-même d’études cliniques y est élargi au-delà de son contexte pharmacologique et hospitalier à certaines interventions sur l’homme en recherche fondamentale dans le domaine des sciences du cerveau et du comportement. Ce développement suscite des protestations dans la communauté scientifique concernée.

Une forme de savoir
Une analyse de 400 études cliniques effectuées aux États-Unis, publiée dans le journal « PLOS One » en 2014, a montré que les résultats de 30 % d’entre elles n’avaient pas été publiés ou rendus publiques dans un délai de 4 ans après la fin de l'essai. Cette non-publication ou absence de compte-rendu concernent des résultats non significatifs ou négatifs qui constituent pourtant une forme de savoir.
Les nouvelles règles élaborées par les NIH sont destinées à assurer « transparence, responsabilité et bonne gestion » afin de rstaurer la confiance du public. Les nouvelles directives incluent l’élargissement de la définition de ce que constitue une intervention sur l’homme. Il en résulte qu’une partie des études en sciences du cerveau et du comportement, qui, jusqu’à présent en étaient exemptées, vont devoir préenregistrer leurs protocoles expérimentaux sur la base de données publiques ClinicalTrials.gov, rendre public leurs résultats et former leurs expérimentateurs principaux aux bonnes pratiques cliniques.
Une pétition et 3 500 signataires
La nouvelle a provoqué un tollé chez les chercheurs intéressés. Une pétition lancée en 2017 notamment par Jeremy Wolfe, professeur à l’université de médecine de Harvard et signée par 3 580 universitaires a dénoncé la mesure comme un accroissement inutile des tâches administratives des chercheurs, dont les projets sont déjà revus par des comités d’éthique, et une cause de confusion pour le public.
Au vu des critiques, les NIH ont quelque peu revu leurs positions et fait des aménagements. Ceux-ci sont exposés dans une interview du Dr Michael Lauer, directeur-adjoint de la recherche extra-muros, aux NIH, menée par Jeremy Wolfe, dans « Nature Human Behaviour » du 22 janvier. Si les changements et clarifications ont répondu à certaines des préoccupations des scientifiques « la définition des études cliniques des NIH reste peu claire pour la majorité des sciences fondamentales du cerveau et du comportement », indique Jeremy Wolfe au « Quotidien ».
« Bien que nous soutenions le principe de l’enregistrement et de la présentation de rapports concernant la recherche humaine financée par les NIH, ajoute-t-il. Nous continuons à penser qu’il devrait y avoir différentes voies pour rendre compte des études cliniques – au sens classique – et de la recherche fondamentale. »

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