jeudi 7 décembre 2017

Une étude INSERM suggère les bienfaits de la méditation sur le vieillissement cérébral

Fabienne Rigal
| 07.12.2017


Dans une étude pilote parue dans « Scientific Reports », une équipe de l’INSERM a présenté les résultats positifs de la méditation sur l’activité cérébrale au cours du vieillissement. Une étude de plus grande ampleur est en cours, et recherche ses derniers sujets (à Caen).
Des études préliminaires ont déjà suggéré l’intérêt de la méditation pour limiter certains effets délétères de l’âge (dépression, problèmes de sommeil, démence…). Par ailleurs, la preuve a été faite de l’intérêt de l’activité physique, d’une alimentation saine, ou encore du maintien d’une vie sociale riche pour diminuer le risque de démence. Gaël Chételat, chercheuse INSERM au centre Cycéron à Caen, et première auteure de cette étude, a donc souhaité vérifier les possibles bénéfices de la méditation sur le vieillissement cérébral.

Des « experts méditants » aux quelque 10 000 heures de méditation
Avec son équipe, elle a mené une étude pilote basée sur 6 « experts méditants » de 65 ans en moyenne (ayant pratiqué chacun au moins 10 000 heures de méditation, souvent lors de retraites de plusieurs années – on trouve d’ailleurs parmi eux Matthieu Ricard), 67 individus contrôle (du même âge moyen mais n’ayant pas pratiqué la méditation) et 186 autres individus contrôle (âgés de 20 à 85 ans, pour étudier les effets de l’âge sur le vieillissement cérébral).
L’ensemble des sujets a subi IRM (pour mesurer la taille des structures cérébrales) et TEP (pour évaluer la consommation de glucose dans le cerveau). Et les chercheurs ont observé que si certaines régions cérébrales (cortex préfrontal ventro-médian et cingulaire antérieure, entre autres) diminuaient de volume avec l’âge, ce n’était pas le cas pour les experts méditants. « Les résultats étaient similaires et même plus marqués pour ce qui concerne le fonctionnement », a indiqué Gaël Chételat, lors d’une conférence de presse sur le sujet.
« Cette augmentation du volume et du fonctionnement, chez les experts méditants, de régions cérébrales impliquées dans la conscience interoceptive, le traitement et la régulation des émotions, mais aussi les processus d’attention et de contrôle (régions qui sont les plus touchées avec l’âge), signale que la méditation à long terme pourrait préserver le cerveau des effets de l’âge et favoriser une réserve cérébrale », ajoute la chercheuse, qui souligne qu’il ne s’agit que d’une étude pilote, qui nécessite confirmation.
Recherche de sujets à Caen pour confirmer ces résultats
Pour confirmer ces résultats, les chercheurs ont lancé la Silver santé Study, qui va comparer sur un plus grand nombre de sujets la méditation avec l’apprentissage de l’anglais. « En plus de 30 experts méditants, nous voulons recruter 150 sujets de plus de 65 ans qui seront séparés en trois groupes : méditation, apprentissage de l’anglais et contrôle », précise Gaël Chételat.
Dans le groupe méditation, les sujets pratiqueront pendant 18 mois la méditation (en pleine conscience) à raison d’une séance de groupe par semaine, ainsi que d’une séance quotidienne réalisée avec l’aide d’une tablette. « Nous sommes en train de découvrir les différents facteurs qui permettent de bien vieillir, ou plutôt de se préserver des effets délétères de l’âge », précise la chercheuse. Et parmi ces facteurs, la méditation a de bonnes chances d’occuper une place de choix.

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