lundi 11 décembre 2017

" La souffrance fait partie du chemin chrétien "

Recueilli par Mélinée Le Priol , le 09/12/2017  

Père Étienne Michelin

Enseignant en théologie au Studium de Notre-Dame de Vie

Ce théologien, qui a fait partie, en 2011, du groupe de réflexion « Spirituel et psychologie », constitué à la demande de l’Église de France, énonce les risques que peuvent comporter ces sessions de guérison.

Comment expliquer le succès des sessions de guérison dans l’Église ?

Père Étienne Michelin : Cette dénomination recouvre des propositions très diverses. Dans un climat de prière et d’écoute, qui s’adresse plus au cœur qu’à la raison, toutes veulent mettre à la disposition des chrétiens un service d’accompagnement quand apparaissent des souffrances plus vives. C’est une chance pour la vie de l’Église, qui redécouvre sans cesse l’action de l’Esprit Saint dans l’histoire des personnes. Mais il ne faut pas oublier que la souffrance fait partie du chemin chrétien, qui passe par la croix du Seigneur. La relation au Christ n’est pas une sorte de « médication transcendantale à effet immédiat et définitif » !

En 2011, vous avez contribué à la rédaction d’un document de l’épiscopat pointant les risques et dérives possibles. Qu’avez-vous conclu de vos recherches ?

Père Étienne Michelin : Ces sessions sont un monde toujours en mouvement, qui n’hésite pas à se questionner et à se réformer pour mieux accompagner les personnes. À l’époque, mais bien des choses ont évolué depuis, nous avions remarqué des confusions, parfois sérieuses, dans les méthodes utilisées par certaines de ces sessions. Par exemple, une certaine conception de l’amour parental, qui ne semble pas en conformité avec le message biblique : imparfait, cet amour parental provoquerait chez l’enfant une blessure originelle, source de toutes les autres difficultés. Pour pouvoir la guérir, il faudrait se la remémorer. D’où l’utilisation de procédés psychologiques inadaptés. Des procédés puissants dont les professionnels de la psychothérapie font usage dans certains cas, avec beaucoup de précautions et sur un temps long. Mais le mélange des plans est objectivement dangereux.


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