samedi 9 décembre 2017

Je rêve que je couche avec ma mère …

Dans son encyclopédie des rêves, Artémidore de Daldis allait plus loin que Freud. Plus hardi dans la recension des fantasmes, il était aussi plus péremptoire dans leur interprétation.

Artémidore de Daldis, Syrien du iie siècle, allait plus loin que Freud dans l’interprétation de nos songes.

Rêver que l’on est mort et enterré : voilà une prémonition, a priori, peu séduisante. Eh bien non, explique un Syrien du 1er siècle av. J_C., Artémidore de Daldis. Il écrivait en grec, traduit ici dans le français du XVII ème : « Songer être mort signifie noces, à celui qui est à marier car mort et mariage se représentent. Et pourtant aussi aux malades songer de se marier et célébrer noces, est signe de mort. À celui qui a femme, le fait de mourir lui signifie séparation, ou de compagnons, parents et amis : car les morts ne sont pas avec les vivants, ni le contraire. À celui qui est chez soi, cela signifie aller dehors ; c’est un bon songe pour les pères, les poètes, orateurs et philosophes, car les premiers auront enfants qui vivront, les autres composeront oeuvres de mémoire. » Autrement dit, en matière d’interprétation des rêves, tout est question de circonstances – qui est le rêveur, quelle est sa position sociale, dans quelle situation se trouve t'il cette nuit là? Chaque rêve est spécifique, car chaque dormeur puise dans son réservoir propre et unique de métaphores (lire « Les rêves ontils un sens ? », Books, juin 2015).

Il ne faut pas moins de cinq volumes à un esprit méthodique comme celui d’Artémidore pour tenter de mettre un peu d’ordre dans ce capharnaüm. S’appuyant sur l’abondante littérature « onirocritique » de l’Antiquité et mettant à profit ses innombrables rencontres ou expériences vécues, en Grèce, en Italie et en Asie Mineure, il classe l’activité mentale nocturne en deux catégories : les rêves (enuptia), « qui accompagnent l’âme en sa course » et se contentent de révéler les états d’âme du sujet; et les songes (oneïroi), qui décrivent les événements à venir, soit directement (songes théorématiques), soit de façon allégorique. Puis il établit la liste des différents ingrédients symboliques qui entrent dans la cuisine onirique : les parties du corps, les diverses activités de celui-ci, les outils dont on se sert (« Tous les outils qui coupent et sectionnent signifient désagréments, disputes et blessures…


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