lundi 4 décembre 2017

Agir contre la stigmatisation de la maladie mentale dans les médias

27/11/2017


Il suffit de voir en quels termes les médias évoquent parfois le malade mental (« forcené », « illuminé », « possédé », « dément », etc.) pour comprendre que la réussite d’une politique de déstigmatisation doit intégrer un volet sur la réduction de cette stigmatisation chez les « leaders d’opinion » que sont les professionnels de la presse écrite ou audiovisuelle (y compris les intervenants ayant une large visibilité sur le réseau Internet). En effet, par l’impact de leurs articles ou de leurs émissions, ces personnes peuvent accroître le ressentiment collectif contre les malades mentaux en renforçant, même involontairement, des stéréotypes classiques mais préjudiciables. 
Coordonnée par l’Université de Vérone (Italie), une recherche examine la littérature médicale consacrée aux actions contre la stigmatisation à l’intention des journalistes, afin d’apprécier l’efficacité de ces interventions pour réhabiliter l’image du malade mental auprès du grand public. Retenant 27 articles sur ce thème, les auteurs de l’étude distinguent trois types d’intervention : les velléités de « surveillance des médias ou de directives des reportages » (curieusement, les plus fréquentes, malgré le principe démocratique d’indépendance de la presse et de la liberté rédactionnelle de l’auteur), les interventions à visée « pédagogique » auprès des journalistes déjà en activité, et les interventions dans la formation initiale des étudiants en journalisme (catégorie d’intervention à laquelle se rattache en France, pour la prévention du suicide, le programme Papageno[1]). 

En général, observent les auteurs, les interventions anti-stigmatisation auprès des journalistes semblent avoir « un certain effet pour améliorer le style des reportages » et présenter ainsi « une image plus équilibrée » des personnes ayant des problèmes de santé mentale. Il serait donc utile d’étendre ce type d’interventions, en particulier en direction des futurs professionnels, dès l’école de journalisme, par exemple en incluant au cours de leurs études « des modules spécifiques sur des sujets de santé mentale. » D’autre part, il faudrait développer des travaux visant à « rechercher l’effet à long terme» des interventions contre la stigmatisation en direction des professionnels des médias.


Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Maiorano A et coll. : Reducing stigma in media professionals: is there room for improvement? Results from a systematic review. Can J Psychiatry, 2017 ; 62: 702–715.

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