jeudi 28 décembre 2017

Adolescents face au cannabis : mode d’emploi

Un livre pratique et didactique écrit par trois professionnels de terrain pour aider les parents à accompagner leur enfant exposé à la drogue.

LE MONDE  | Par 

Le livre. Quand faut-il s’inquiéter ? Quand et comment en parler ? Et surtout comment gérer ensuite ? Face à la consommation de cannabis de leur adolescent – une situation banale puisque à 17 ans près d’un sur deux a déjà expérimenté cette drogue et 9 % sont des fumeurs réguliers –, beaucoup de parents paniquent ou se trouvent désemparés. C’est à eux, mais aussi à tous les adultes en contact avec ces jeunes, que s’adresse l’ouvrage Adolescents et cannabis. Que faire ?, rédigé par trois psychologues spécialistes des addictions, Jean-Pierre Couteron, également président de la Fédération Addiction, Muriel Lascaux et Aude Stehelin.

Pas à pas, forts de leur expérience de professionnels de terrain mais sans jamais se faire donneurs de leçons, le trio invite les parents à réfléchir sur les enjeux du cannabis à l’adolescence, puis à agir concrètement en trois étapes.


De façon générale, quand et comment parler de cette drogue à son enfant ? Face à cette question cruciale mais délicate de la prévention, Jean-Pierre Couteron et ses coauteures préconisent évidemment d’adapter les propos à l’âge et à la maturité du jeune, et ils donnent des clés pratiques pour le faire dans les différentes périodes de l’enfance. « A l’adolescence, pour que cette parole soit un minimum entendue et éventuellement suivie, elle devra perdre sa tonalité anxio-répressive (interdit, ­tabou, chantage) pour une formulation plus éducativo-compréhensive (accompagner à l’autonomie) », conseillent-ils. Et ils enfoncent le clou. « Soyons attentifs à ne pas tomber dans un échange de slogans et phrases pièges, particulièrement contre-productif », écrivent-ils en évoquant les plus entendues afin de les éviter.


Apprendre à contre-argumenter


Du côté des parents, cela donne par exemple : « le cannabis rend fou »« rend bête », ou « est la porte d’entrée dans la toxicomanie ». Côté ados, ce sont plutôt des déclarations comme : « tout le monde fume »« ce n’est pas pire que ton verre d’alcool », ou encore « le cannabis est aussi un médicament qui est légal ». Bref, des affirmations vis-à-vis desquelles il est fort utile d’apprendre à contre-argumenter.

La deuxième partie du livre développe de façon didactique les trois étapes pour agir, un processus proposé aux adolescents qui viennent dans les consultations jeunes ­consommateurs (CJC), ou qui est à l’arrière-plan d’une guidance des parents quand ce sont eux qui prennent rendez-vous. Il s’agit d’abord d’engager la relation avec son ado, puis de donner les clés du changement et, ­enfin, de rester confiant et vigilant. Plus simple à dire qu’à faire a priori, mais, là encore, les auteurs réussissent le pari d’informer et d’accompagner les familles sans stigmatiser, culpabiliser, dramatiser, ni tomber dans la naïveté. Au-delà du seul sujet cannabis, cette démarche donne d’ailleurs des repères ­précieux pour apprendre à surmonter des conflits familiaux et restaurer une relation de confiance avec un ado. Permettre des ­retrouvailles familiales en somme.

Adolescents et cannabis. Que faire ?, de Jean-Pierre Couteron, Muriel Lascaux et Aude Stehelin (Dunod, 240 p.


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