mercredi 22 novembre 2017

Près de 20 % des arrêts maladie prescrits... ne sont pas suivis !

Marie Foult
| 22.11.2017


En 2016, 34,1 % des salariés ont été absents au moins une fois pour maladie et la moyenne de jours d’absence par salarié absent atteint 35,5 jours (contre 33 en 2010). Pour une entreprise de 1 000 salariés, ces arrêts représentent près de 43 ETP (équivalents temps plein), révèle une étude* publiée ce mercredi par l'assureur Malakoff Médéric.
Dans le détail, la tranche d'âge 30-39 ans est la plus touchée par l'absentéisme : 37,8 % des salariés ont eu au moins un arrêt de travail dans l'année, mais leur durée est plus courte (29,5 jours contre 35). Cette durée augmente significativement avec l’âge, allant de 22,8 jours pour les moins de 30 ans à 50,8 jours pour les plus de 50 ans.
 La santé, secteur exposé
La fréquence et la durée des arrêts varient aussi selon les statuts et les secteurs. 40 % des ouvriers ont été absents au moins une fois dans l'année – avec 41 jours d'absence en moyenne – un chiffre qui chute à 27,8 % chez les cadres (pour 26 jours d'arrêt). L'industrie, le BTP et… la santé sont les secteurs les plus touchés, avec 38 % des salariés arrêtés au moins une fois par an. Et dans le secteur de la santé, la durée moyenne d'absence est de 41 jours en 2016 !
Les résultats de l'étude révèlent aussi des disparités fortes selon les régions. C'est dans le Grand Est où les salariés sont le plus absents (37,9 % ont eu un arrêt dans l'année), mais c'est en PACA que la durée d'arrêt est la plus longue avec près de 40 jours en moyenne par salarié absent.
La répercussion des TMS
Les principaux motifs d'arrêt maladie se classent en trois catégories. Les arrêts courts (1 à 3 jours) sont liés à 65 % à une maladie « ordinaire » comme une grippe ou une angine. Les arrêts de 4 à 30 jours résultent de TMS ou de troubles psychologiques. Les arrêts de plus de 30 jours sont causés d'abord par un accident ou un traumatisme (20 %), des TMS (16 %) ou par des troubles psychologiques, une fatigue chronique (16 %).
Ces arrêts sont prescrits en grande majorité par le médecin traitant (73 %) et 83 % de ces généralistes estiment qu'il serait utile de proposer aux salariés des services d'accompagnement.
Les salariés n'abusent pas
L'enquête de Malakoff Médéric révèle l'ampleur du renoncement partiel ou total à une prescription d'arrêt de travail. Près de 20 % des arrêts prescrits ne sont pas respectés chez les salariés du privé, indique l'étude (12 % des arrêts n'ont pas été pris du tout). Parmi ceux qui renoncent, 48 % précisent « qu'ils n'ont pas l'habitude de se laisser aller », 29 % invoquent des raisons financières et 22 % une pression hiérarchique.
Mais 39 % de ces salariés qui n'ont pas pris leur arrêt disent ensuite le regretter, car cela a eu un impact « sur leur productivité et la qualité de leur travail » et sur leur santé (allongement de la maladie, rechute, baisse de moral).
Côté RH, 69 % des entreprises de plus de 50 salariés estiment que le sujet de l'absentéisme est préoccupant. 97 % des dirigeants interrogés pensent que la baisse des arrêts permettrait d'améliorer la performance de l'entreprise.
Cette étude intervient alors que les députés ont voté lundi le rétablissement du jour de carence dans la fonction publique, une mesure rejetée par les syndicats du secteur.
* Étude réalisée sur le portefeuille clients Malakoff Médéric, et sur internet via un questionnaire auprès de 1 505 salariés et 300 médecins généralistes avec l'IFOP et Future Thinking.

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