mardi 7 novembre 2017

La santé mentale souffre de carences outre-mer pour la commission consultative des droits de l'homme



Si elle approuve "pleinement" certains points forts de la stratégie nationale de santé pour les outre-mer présentée au printemps 2016, notamment "la priorité [...] accordée aux actions de prévention", la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) n'en regrette pas moins "certains insuffisances". "Le manque de prise en compte des maladies professionnelles et des problématiques liées à la santé mentale ou la santé en milieu carcéral" est ainsi pointé du doigt dans un avis adopté à l'unanimité le 17 octobre et consacré précisément au droit à la protection de la santé dans les territoires ultramarins. Raison pour laquelle d'ailleurs elle propose dans son texte (à télécharger ci-dessous) d'installer "une mission spécifique" à l'évaluation des besoins dans le domaine de la psychiatrie.


À ces manquements s'ajoute, pour la CNCDH, une méconnaissance "source de découragement" des données relatives à la santé en outre-mer, d'autant plus dans les collectivités ultramarines que sont la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, Saint-Pierre-et-Miquelon et Wallis-et-Futuna. Sans compter que dans ces mêmes territoires "de nombreuses améliorations énoncées dans la stratégie nationale [...] attendent une négociation ou un accord avec les gouvernements locaux pour s'appliquer [...]. Or il n'est guère de trace des initiatives qui auraient pu être prises pour les y inciter."

Outre cet état des lieux de la santé des ultramarins et de leur système de santé, la CNCDH liste ensuite dans son avis treize recommandations. Parmi celles-ci, ses membres insistent pour accorder "une place centrale" aux programmes de prévention en renforçant des ressources tant au niveau humain que financier. Ils appellent aussi de leur vœu une "mobilisation d'ampleur" pour améliorer les taux de mortalité maternelle et infantile. S'agissant de l'obésité et des maladies chroniques, "des campagnes de sensibilisation adaptées" doivent être menées pour réduire l'impact délétère des comportements à risque en matière de nutrition. En matière de démographie médicale et paramédicale, le texte pousse aussi : à prendre des initiatives innovantes pour aider à l'installation des professionnels de santé ; à développer des formations spécifiques à la prise en charge des pathologies ultramarines ; à multiplier les maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) ; à étoffer le nombre de centres de soins délocalisés sous la responsabilité des hôpitaux ; à généraliser la télémédecine.

Par ailleurs, la CNCDH rappelle dans son texte l'impérieuse nécessité de renforcer la sensibilisation et l'aide à l'acquisition des droits, mais aussi de mettre fin au régime dérogatoire excluant du bénéfice de l'aide médicale d'État (AME) les étrangers éligibles à Mayotte. Enfin, ses membres recommandent d'étoffer les coopérations internationales avec les pays limitrophes des territoires ultramarins.
Thomas Quéguiner


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