mardi 28 novembre 2017

Deux médecins pour 300 résidents, six minutes par repas, des signes de « maltraitance institutionnelle » en EHPAD dénoncée par FO

Marie Foult
| 28.11.2017


Plusieurs centaines de délégués et d'adhérents de la branche service publics et santé du syndicat Force Ouvrière (FO) sont réunis ce mardi à Paris pour une conférence nationale de défense des établissements d'hébergement pour les personnes âgées dépendantes (EHPAD).
Au cours de cette journée, les syndicalistes entendent « débattre et trouver des issues » à la situation des établissements en manque chronique de personnels, une position précaire aggravée selon eux par la réforme de leur tarification, sur laquelle la FHF a récemment tiré la sonnette d'alarme.

Soins low cost
Des directeurs d'établissements et des soignants adhérents à FO ont pris la parole pour raconter leurs conditions de travail et la dégradation de la prise en charge des résidents. « Notre établissement a 60 % de dotations en moins de la part du département par rapport à un autre en Haute-Corse alors qu'il y a dix fois plus d'habitants, se désole Gérard Brami, directeur de la maison de retraite la Vençoise, dans les Alpes-Maritimes. Résultats : nous sommes en manque d'effectifs et les salariés n'en peuvent plus. »
 Ce manque de moyens a pour conséquence « de la maltraitance institutionnelle envers les personnels et les personnes âgées », indique un délégué de l'Eure-et-Loir. « Nos aînés méritent mieux que des soins low cost, il n'est pas normal de prendre une douche toutes les deux semaines, ou de n'avoir personne pour se nourrir alors que l'on a des problèmes de déglutition. »
7 100 postes à créer
Dans d'autres EHPAD, comme celui rattaché au CHU d'Amiens (Somme), la pénurie touche tout le monde, y compris les personnels médicaux. « Nous n'avons que deux médecins pour 300 résidents, qui n'ont que le temps de voir les personnes âgées avec des problèmes de santé majeurs, témoigne un représentant du personnel. Certaines personnes n'ont pas eu de vraie consultation médicale depuis deux ans ! » Dans la structure, les aides-soignantes disposent de six minutes par résident pour leur donner le repas et la douche relève « du miracle ».
Pour appuyer ces témoignages, le syndicat a publié la liste de 267 EHPAD (publics et privés) répartis sur toute la France, en indiquant le nombre de résidents et d'agents en poste nécessaire pour un bon fonctionnement, et l'écart entre les deux. Rien que pour ces 267 établissements, 7 100 postes seraient à créer.
Le syndicat doit décider d'un plan d'action national à la fin de la journée. Luc Delrue, le secrétaire fédéral de la branche santé, a appelé les adhérents à préparer « une mobilisation générale, voire une grève de tous les EHPAD et maisons de retraite ».

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