Posant depuis des années un diagnostic tout sauf optimiste sur l’avenir de la littérature en général et du roman en particulier, Will Self n’en a pas pour autant baissé les bras. C’est un peu comme si cette désuétude annoncée ne le concernait pas encore, lui l’écrivain de notre temps, l’écrivain vivant, ancré dans le présent, dont ni l’ambition ni le geste n’affichent les stigmates de ce défaitisme — c’est même tout le contraire. Deuxième volet du triptyque ouvert par Parapluie (2012, traduit en 2015), le présent Requin — paru il y a trois ans en Grande-Bretagne, où les lecteurs disposent en outre depuis le printemps dernier de l’ultime jalon de la trilogie, Téléphone (en VO : Phone), salué par la critique comme un chef-d’œuvre — remet en scène un personnage récurrent de Will Self, présent depuis le mitan des années 1990 dans nombre de ses nouvelles et de ses romans : le docteur Zach Busner, psychiatre londonien, que le romancier immerge cette fois dans les années 1970.
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