lundi 2 octobre 2017

Des personnels manifestent devant le siège de l'AP-HP pour dénoncer leurs conditions de travail

Anne Bayle-Iniguez
| 02.10.2017




APHP
Crédit Photo : S. Toubon

150 hospitaliers ont manifesté devant le siège de l'Assistance publique – hôpitaux de Paris (AP-HP), ce lundi matin, pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail et l'impact de la réforme du temps de travail du CHU francilien sur les organisations. 
Sous l'impulsion des syndicats SUD et USAP-CGT, les hospitaliers ont donné de la voix alors que se tenait en même temps dans les locaux de l'avenue Victoria un comité technique d'établissement central entre leurs représentants et le directeur général de l'institution, Martin Hirsch. 

Avec deux bannières noires tombant des fenêtres et sept cercueils vides accueillant le visiteur à l'entrée du bâtiment, les personnels ont voulu symboliser leurs difficultés à travailler à l'AP-HP. Chaque cercueil représentait un hospitalier décédé. L'un d'entre eux portait les initiales du Pr Jean-Louis Mégnien, décédé en décembre 2015 à l'Hôpital européen (HEGP). Vendredi dernier, une infirmière de l'hôpital Beaujon, bientôt fusionné avec Bichat dans le cadre du projet de l'Hôpital Nord, a mis fin à ses jours à son domicile. Pour les personnels, ses conditions de travail y sont peut-être pour quelque chose. 
« À l'hôpital gériatrique Adélaïde-Hautval, à Garches, aux urgences de Necker et plus globalement, dans tous les services, les aides-soignants et les infirmières se demandent tous les jours s’ils doivent démissionner ou se mettre en disponibilité, indique Philippe Bonnet, délégué CGT de Necker. On assiste à une hausse à deux chiffres des arrêts maladies. Avec l'obligation de grande équipe, des agents peuvent travailler deux mois de nuit, deux mois de jour. C'est désormais leur fiche de poste à l'embauche. »
Abus de pouvoir ?
Pour SUD, l'AP-HP est « en danger ». Le syndicat a organisé ces dernières semaines la « marche des hospitaliers ». Du 18 septembre au 2 octobre, des petits groupes d'agents du CHU ont sillonné Paris d'hôpital en hôpital pour sensibiliser le grand public. Ce lundi, une trentaine d'agents de Bichat rejoignait l'avenue Victoria pour clore le chapitre.
« Le gouvernement vient de nous annoncer un ONDAM hospitalier en hausse de 2,2 % par rapport à l'année passée, ce qui fait croire à l'opinion que l'hôpital a été bien servi, analyse David Treille, délégué SUD de l'hôpital Béclère (Clamart). C'est faux ! Les charges communes et les économies réclamées par ailleurs ne peuvent pas être compensées par une enveloppe en dessous de 3 %. »
À la sortie de la réunion avec la direction, écourtée, Rose-May Rousseau, secrétaire générale de l'USAP-CGT, a dénoncé un « abus de pouvoir » de la part de Martin Hirsch vis-à-vis des représentants syndicaux. 
Interrogée par le « Quotidien », l'AP-HP a précisé que le comité technique du jour est « reporté » à une date ultérieure. « Il n'y a eu strictement aucun abus de pouvoir : le choix a été donné aux organisations syndicales entre une reprise des travaux conditionnée à la cessation des troubles (banderoles) et le report du comité technique », indique l'AP-HP par écrit. Par ailleurs, précise le CHU, un bilan de la mise en place de la réforme du temps de travail sera présenté en comité d'hygiène central (CHSCT) le 17 novembre et en comité technique le 4 décembre, « conformément à l'engagement pris ».

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