samedi 16 septembre 2017

Stigmatisation de la schizophrénie : le CSA met en garde France 2 après l'épreuve de « Fort Boyard »

Coline Garré
| 14.09.2017


Le Conseil supérieur de l'audiovisuel « met en garde » publiquement France Télévisions, après la diffusion dans le jeu « Fort Boyard », le 24 juin 2017, d'une séquence intitulée « l'asile » - remontée et renommée « la cellule capitonnée » une semaine après la première diffusion.

Caricaturale et stigmatisante
Cette épreuve, qui mettait en scène l'un des joueurs affublé d'une camisole, se débattant dans une pièce évoquant une chambre d'isolement, avait provoqué l'indignation des associations et des psychiatres. Dans « le Quotidien », le Pr Antoine Pelissolo, président de la collégiale de psychiatrie de l’APHP, fustigeait « une représentation violente de la psychiatrie » et anachronique : « les dispositifs législatifs récents encadrent énormément la pratique en psychiatrie, quant à la camisole, elle n’existe plus dans les hôpitaux depuis au moins 30 ans ! »
Le CSA « regrette » la diffusion de cette séquence, « caricaturale et stigmatisante à l’égard des personnes souffrant de troubles psychiatriques ou psychiques ». Elle « porte atteinte aux dispositions précitées du cahier des charges de France Télévisions », notamment le respect de la personne humaine et sa dignité, et sa participation à la lutte contre les discriminations. « Le Conseil a demandé aux responsables du groupe de veiller à mieux respecter, à l’avenir, ses obligations en matière de respect des droits et libertés et les a mis en garde contre le renouvellement de telles pratiques », fait savoir le CSA. 
La Une « insultante et racoleuse » de « La Provence »
Malgré les alertes récurrentes des associations, malgré l'étude de Promesse(S) présentée au 14congrès de l'Encéphale (début 2016) qui dénonce le sort réservé à la schizophrénie dans les médias français, les représentations stigmatisantes des maladies mentales ont la vie dure. Encore le 5 septembre dernier, la « Provence » a titré sa une : « Les barjots, les schizos, et les autres… Comment la société les gère ». « Un titre insultant et racoleur », a immédiatement condamné l'Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (UNAFAM). De son côté, le syndicat national des journalistes (SNJ) de « La Provence » avait repris les mêmes termes, pour réprouver « avec la plus grande fermeté l’usage de ces titres faussement racoleurs et insultants vis-à-vis de personnes en souffrance ».

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