samedi 30 septembre 2017

Les perturbateurs endocriniens pourvoyeurs de troubles du comportement chez l'enfant ?

29.09.2017
Alors que les Européens continuent de s’écharper sur le concept de perturbateurs endocriniens, l’Inserm vient de publier une nouvelle étude à charge qui montre que l’exposition prénatale à certaines de ces substances est associée à l’apparition de troubles du comportement des garçons entre 3 et 5 ans. Les composés les plus préoccupants à cet égard seraient le bisphénol A, le triclosan et le di-n-butyl-phtalate, ou DBP.

Publié dans la revue Environmental Health Perspectives, ce travail a porté sur 529 petits garçons de la cohorte mère-enfant Éden, mise en place par l’Inserm. Les femmes enceintes participant à cette cohorte ont été recrutées entre 2003 et 2006 dans les CHU de Nancy et Poitiers. Un échantillon d’urine prélevé durant la grossesse a permis le dosage de biomarqueurs caractéristique de l’exposition aux phénols et aux phtalates. Ensuite, aux troisième et cinquième anniversaires de leur enfant, ces mamans ont rempli un questionnaire standardisé évaluant certains aspects du comportement tel que l’hyperactivité, les troubles émotionnels et les troubles relationnels.
Premier constat, entre 70 et 100 % des femmes de la cohorte Eden, recrutées durant leur grossesse entre 2003 et 2006, étaient alors exposées à des niveaux détectables de différentes substances.
Cette exposition n’était pas anodine puisque dans cette cohorte, l’exposition au bisphénol A était associée à une augmentation des troubles relationnels à 3 ans et des comportements de type hyperactif à 5 ans, ce qui « confirme que les effets du bisphénol A sur le comportement observés chez l’animal de laboratoire se retrouvent chez l’humain à des expositions faibles, probablement inférieures à celles préconisées par l’autorité européenne de sécurité alimentaire, l’EFSA » analyse l’Inserm. Le métabolite du DBP et le triclosan étaient eux associé à davantage de troubles émotionnels (et relationnels pour le DBP).
Alors que les perturbateurs endocriniens sont déjà fortement pointés du doigt pour leurs effets délétères sur la santé reproductive, ces données viennent allonger la liste de leurs dangers potentiels pour la santé humaine, même si elles demandent à être confirmées.
À ce titre les chercheurs devraient désormais s’attacher à répliquer ces résultats au sein de la cohorte mère-enfant SEPAGES en cours dans la région Grenobloise. « Dans cette dernière, de nombreux échantillons d’urine par participant sont recueillis durant la grossesse et les premières années de vie de l’enfant. Cette approche permettra de limiter les erreurs de mesure de l’exposition et d’identifier de potentielles périodes de sensibilité aux phénols et phtalates sur différents événements de santé tels que la croissance, le comportement ou la santé respiratoire », précise l’Inserm. « Cela permettra aussi d’étudier l’effet éventuel de ces substances chez les petites filles, qui n’avaient pu être considérées ici. Il est possible que leur sensibilité aux perturbateurs endocriniens diffère de celle des garçons ».
En France, Le bisphénol A a été interdit de tous les contenants alimentaires en janvier 2015. Triclosan et DBP sont réglementés selon la logique d’une valeur limite dans certaines familles de produits, tout en étant interdits dans d’autres (le DBP est par exemple interdit d’usage dans les cosmétiques et le triclosan dans les habits dans l’UE).

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